France
December 21, 2021
Paris, le 21 décembre 2021 – Terres Inovia, l’institut technique des professionnels de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre, et Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales, dévoilent le bilan des récoltes 2021 pour le soja et les perspectives pour les semis 2022. L’institut estime le rendement moyen national à 29 q/ha en 2021, en hausse de 13 % par rapport à la moyenne quinquennale, et les surfaces à 157 000 ha, soit 14 % de plus qu’il y a 5 ans. La volonté politique affichée par le plan Protéines français offre de belles perspectives au soja et accompagne la dynamique de cette culture. La PAC à venir (2023-2027) renforcera les moyens apportés à la culture au travers du premier pilier par un système d’éco-régime et par une aide couplée sectorielle.
Focus par régions
Dans les bassins historiques, les rendements sont bons en 2021. Dans le Sud-Ouest, ils sont estimés en moyenne à 30 q/ha, dépassant les résultats de 2015 et 2017, et allant de 23 q/ha en conduite pluviale (ou en sec) à 38 q/ha en conduite irriguée. En région Bourgogne Franche-Comté, les rendements se positionnent dans la moyenne nationale à 29 q/ha, avec de meilleurs résultats pour les semis de fin avril début mai (35-40 q/ha). Les récoltes alsaciennes, quant à elles, devraient se situer entre 35 et 40 q/ha tout comme en région Rhône-Alpes, ce qui constitue, pour ce bassin, de très bonnes performances.
Dans les nouveaux bassins de production, les rendements sont hétérogènes. En Auvergne, la moyenne flirte avec la moyenne nationale, voire la dépasse (30-32 q/ha). Dans le quart nord-ouest de la France, les résultats vont de 10 à 40 q/ha avec une moyenne de 27 q/ha, en raison principalement de pertes à la levée importantes.
Des pertes à la levée notables
Malgré des préparations et des semis réalisés dans de bonnes conditions, des pertes à la levée importantes, de l’ordre de 20 à 40 %, ont été constatées dans l’ouest et le sud de la France. En cause notamment, les températures fraîches du mois de mai qui ont entraîné des levées lentes et ont favorisé l’exposition du soja aux ravageurs de début de cycle (oiseaux, gibiers et mouches du semis).
Un bon état sanitaire
L’état sanitaire des sojas a été généralement bon. Hormis en début de cycle, le soja a été épargné par les ravageurs. La présence de maladies a été hétérogène à cause des conditions humides de l’été. Les bassins historiques, et particulièrement le Sud-Ouest, ont été impactés par le sclérotinia, notamment dans le Gers et le Lot-et-Garonne. La variabilité des attaques est due principalement à la fréquence de retour sur la parcelle de cultures hôtes (colza, soja, tournesol…), la pluviométrie et la correspondance plus ou moins importante entre floraison et sporulation du champignon. Rappelons que l’utilisation de méthodes de lutte intégrée permet une maîtrise efficace de la maladie.
Par ailleurs, les conditions de récoltes ont été favorables dans le Sud-Ouest mais difficiles dans le Nord à cause des pluies de septembre et octobre et d’une maturité parfois retardée.
Une conjoncture économique favorable
Que ce soit en conduite pluviale ou irriguée, les évolutions du contexte économique devraient entraîner une augmentation marquée des marges brutes du soja entre 2020 et 2021, estimée à + 38 % pour une même gamme de rendements. Pour un prix de vente compris entre 400 et 500 €/t, la marge brute du soja se situerait en conduite irriguée autour de 1100 €/ha et de 760 €/ha en conduite pluviale. La maîtrise de la date de semis et le choix variétal constituent deux éléments cruciaux pour sécuriser la récolte et limiter des frais de séchage en augmentation à cause du renchérissement de l’énergie.
Pour la campagne 2022, dans un contexte de forte augmentation du coût des engrais, le soja pourra valoriser son indépendance vis-à-vis des engrais azotés. Les effets économiques positifs du précédent soja sur le maïs seront également renforcés. La culture du soja permet, par exemple, une économie de 30 à 50 unités d’azote dans la fertilisation azotée du maïs suivant par rapport à un précédent maïs (soit 30 à 60 €/ha d’économie de charges). De plus, ses faibles résidus permettent de réduire les coûts d’implantation de la culture suivante.
Enfin, la tension du marché sur le tourteau de soja non OGM d’importation est très forte en Europe. Ainsi, l’écart de prix entre le tourteau de soja 48 % (de protéines) d’import non OGM et standard (c’est-à-dire OGM) dépasse +450 €/t sur la campagne en cours 2021/2022 alors qu’il était compris entre +100 et +150 €/t de tourteau entre 2012 et 2020. Cette tendance renforce l’intérêt de développer et consolider une filière française durable de soja tracé origine France, au bénéfice de la souveraineté alimentaire française.
Un vaste observatoire agronomique pluriannuel Cap Protéines
Chaque année, de nombreuses parcelles de soja sont visitées par Terres Inovia en cours de campagne et lors d’enquêtes sanitaires réalisées en fin de cycle. En 2021, dans le cadre du projet « Accroître la compétitivité et la durabilité des productions oléoprotéagineuses » du programme Cap Protéines, un réseau de 12 observatoires agronomiques pluriannuel a été suivi, soit 185 parcelles représentatives d’un contexte de production et adossées au minimum à un essai servant de support à une ou plusieurs problématiques locales. L’ambition est d’accompagner les agriculteurs et d’augmenter les surfaces, de façon à atteindre l’objectif de 250 000 ha en 2025 fixé par Terres Univia et l’ensemble de la filière.
Consommation : le soja, plébiscité par les jeunes
Résultats de l’étude sur la place des légumineuses dans les comportements et attitudes alimentaires des Français réalisée par le CREDOC pour Terres Univia en 2021(1)
Dessert, galettes, jus, tofu… Le soja, sous toutes ses formes, est un peu moins consommé que les légumineuses de manière générale : 43 % des Français consomment du soja habituellement et 11 % déclarent en manger au moins une fois par semaine ; 48 % des Français déclarant consommer des légumineuses au moins une fois par semaine.
Cependant, cette graine est très plébiscitée par les plus jeunes. Effectivement, le soja est fortement consommé par les moins de 34 ans : au moins deux ou trois fois par mois pour 32 % des 25-34 ans et 26 % des 15-24 ans, contre 10 % chez les 55-64 ans. Si le soja n’est pas encore rentré dans les habitudes alimentaires de toutes les générations, sa consommation accrue, par les plus jeunes, offre de très belles perspectives de croissance pour cette légumineuse.
Comme pour les autres légumineuses, le soja est apprécié, par les plus jeunes donc, pour son goût (pour 45 % des répondants), sa richesse en protéines (43 %) et sa facilité de préparation (33 %).
(1) Cette étude, réalisée au sein de la grande enquête annuelle du CRÉDOC sur les comportements alimentaires en France entre avril et mai 2021, a été conçue dans le cadre de Cap Protéines et plus particulièrement au sein du projet « Partager les informations du producteur au consommateur ».