Ouagadougou, Burkina Faso
February 21, 2008
Source:
Le Faso.net, portail
d’informations générales sur le Burkina Faso
Repris avec autorisation / Republished with authorization
La traditionnelle conférence annuelle de presse sur l’état
mondial des plantes biotechnologiques/GM (génétiquement
modifiées) commercialisées l’année d’avant s’est tenue le mardi
19 février 2008 dans la soirée à la chambre de Commerce de
Ouagadougou. Au cours de cette rencontre, organisée par Burkina
biotech association (BBA), le ministre délégué chargé de
l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle,
Maxime Somé, a annoncé le démarrage de la culture industrielle
du coton Bt cette année, suite au consensus trouvé entre la
firme Monsanto et la partie burkinabè sur la fixation des prix
de la semence et le partage des royalties…
La soirée du mardi 19 février 2008 a été atypique à Ouagadougou.
Pendant que des anti-OGM, sous la houlette de la Coalition pour
la protection du patrimoine génétique (COPAGEN), battaient le
pavé en direction de la primature pour remettre une déclaration
contre les OGM, BBA présentait à la presse ainsi qu’à des
nombreuses personnalités et structures de la société civile le
rapport annuel de l’International service for the acquisition of
agri-biotech applications ou le Service international pour les
applications des acquis de la biotechnologie agricole (ISAAA)
sur l’état mondial des plantes biotechnologiques/GM
commercialisées en 2007. C’est d’ailleurs avec l’appui financier
et technique de cette organisation que ladite rencontre a été
placée sous le signe de « l’hommage à la recherche burkinabè ».
Présidant l’ouverture de la conférence de presse, le ministre
délégué en charge de l’Enseignement technique et de la Formation
professionnelle a fait remarquer que c’est tout à fait normal de
dire qu’une marche contre les OGM se déroulait juste à
proximité. Tout en louant la pluralité des points de vue sur la
question, il a salué les participants à la rencontre organisée
par BBA pour leur volonté d’obtenir l’information juste et saine
sur la biotechnologie en général et les OGM en particulier. Il a
donc témoigné sa reconnaissance aux initiateurs de la conférence
de presse.
Le ministre délégué a donné les raisons de l’introduction des
essais sur le coton Bt au Burkina Faso, qui participe de la
volonté de notre pays de ne pas périr, surtout, dit-il, lorsque
le coton fait vivre 20 millions d’individus dans la zone ouest
africaine et contribue pour une part importante au PIB de pays
comme le nôtre, le Mali, le Bénin, le Tchad, le nord de la Côte
d’Ivoire et le Togo. Avec les problèmes auxquels est confrontée
la filière coton (subventions des producteurs des pays du Nord,
chute brutale des cours du coton), l’adoption du coton Bt
constitue une opportunité pour une relance mais également un
moyen d’une véritable lutte contre la pauvreté.
Et d’annoncer que cette année aura lieu le démarrage de la
culture industrielle du coton Bt avec la production de semences
à partir de la semence de prébase en provenance des Etats-Unis,
en attendant que l’année prochaine toutes les semences (semences
de prébase et semences de base) soient produites au Burkina
Faso. Maxime Somé relèvera que les négociations avec la firme
Monsanto pour la fixation des prix de la semence et le partage
des royalties se sont déroulées dans un climat de partenariat
franc et constructif. Ainsi, près de 70% des bénéfices
reviennent au Burkina, aux paysans semenciers, à la recherche,
aux sociétés cotonnières, car, dira-t-il, si la technologie Bt a
été développée par la firme américaine qui en détient le brevet,
le cotonnier sur lequel il a été mis est breveté Burkina.
Quant au président de BBA, le Pr Alassane Séré, il a, dans sa
déclaration liminaire relative à la conférence, fait le point de
l’état mondial en 2007 des plantes biotechnologiques/GM
commercialisées. Si, au cours de l’année écoulée, les cultures
OGM ont progressé, passant de 102 millions d’ha cultivés en 2006
à 114,2 millions d’ha en 2007, les USA en restent le leader
incontesté avec plus de la moitié des superficies plantées (57,
7 millions d’ha).
Ce pays est suivi de l’Argentine avec 19,1 ; le Brésil revient
en force avec 15 millions d’ha ; le Canada est à 7 millions
tandis que l’Inde a emblavé 6,2 millions d’ha (contre 3,5
millions en 2006) ; la Chine, elle, est à 3,8 millions d’ha
tandis que le Paraguay est à 2,6 millions ; quant à l’Afrique du
Sud, elle en est le seul pays africain producteur avec 1,8
millions d’ha. Sur 12 millions de fermiers qui ont bénéficié des
plantes biotechnologiques en 2007, plus de 90%, soit 11
millions, étaient de petits producteurs à faibles revenus des
pays en voie de développement.
Et le Pr Alassane Séré d’indiquer que la particularité de cette
réunion organisée par sa structure est qu’elle survient au
moment où le Burkina s’apprête à entrer dans le cercle des
producteurs d’OGM. Pour lui, il est temps de faire confiance aux
chercheurs burkinabè, plutôt que d’écouter des marchands de
rêve. Au cours de la conférence de presse, le Dr Jérémy Tinga
Ouédraogo, membre de BBA et député à l’Assemblée nationale, a
décortiqué le concept de biotechnologie, notamment d’OGM afin de
le rendre plus digeste pour l’assistance. Un exposé qui a été
très apprécié par l’ensemble des invités.
Cyr Payim Ouédraogo,
L’Observateur |
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