Le sorgho est une culture adaptée aux
nouvelles contraintes de la PAC et elle présente un réel intérêt
au travers du découplage avec des marges similaires au
tournesol. Les surfaces ont légèrement progressé en 2006 pour
atteindre 56 000 ha, mais nous sommes aujourd’hui dans un
contexte où l’on pourrait gagner davantage de surfaces. Face à
des contraintes hydriques et environnementales de plus en plus
importantes, le sorgho a une carte à jouer.
Les débouchés seraient-ils au rendez-vous si
la production augmentait ?
L’étude économique réalisée en 2006 confirme
bien le fait qu’il y a de véritables débouchés au niveau
européen. Si nous exportons déjà régulièrement vers l’Espagne,
je crois qu’il ne faut pas perdre de vue des destinations comme
l’Italie ou le Benelux. Le marché du sorgho reste tendu car
l’offre est peu importante. Nous devons également progresser sur
le marché intérieur. Les fabricants d’aliments du bétail sont
encore très timorés vis-à-vis du sorgho alors que les
industriels espagnols ont montré depuis longtemps que l’on
pouvait incorporer du sorgho en quantité importante dans les
formules, sans baisse de qualité. Il y a sans doute aujourd’hui
un travail de communication à mener pour sensibiliser les firmes
services et les fabricants afin de lever la mauvaise image qui
pèse encore sur le sorgho. Il y a véritablement un potentiel
commercial à développer sur ce marché. Sans révolutionner les
choses et en considérant le sorgho comme une culture
complémentaire du maïs, nous pourrions doubler notre collecte
sans avoir de problème pour écouler notre production.
Existe-t-il des ouvertures pour des
utilisations non alimentaires ?
Il est possible de faire de l’éthanol à
partir du sorgho, cela se fait déjà sur le continent américain.
Mais, la seule usine de production d’éthanol du Sud de la France
se trouve à Lacq, en plein coeur d’une zone de production de
maïs, il y a donc peu de perspectives pour le moment. Mais ce
dossier des biocarburants est en train de se mettre en place
progressivement et l’on peut envisager la création d’autres
sites en région Midi-Pyrénées ou Languedoc-Roussillon. Au-delà
de l’utilisation pour produire de l’éthanol, je crois aussi
beaucoup à l’utilisation du sorgho plante entière pour la
production de biomasse.
Qu’en est-il du dossier désherbage, qui reste
la principale contrainte pour les producteurs ?
Il est vrai que les producteurs sont confrontés à de grosses
difficultés de désherbage depuis la disparition de l’atrazine.
Dans certaines parcelles, la pression des adventices interdit
même toute culture. Les matières actives dont nous disposons
aujourd’hui ont une efficacité trop dépendante des conditions
climatiques. Depuis deux à trois ans, les printemps sont secs et
l’efficacité des désherbages est mauvaise. Mais il y a encore de
l’espoir sur ce dossier. Deux matières actives sont actuellement
en attente d’une extension d’homologation sur sorgho, il s’agit
de Trophée et Mikado. Nous faisons notre maximum pour activer ce
dossier auprès du Ministère. Il s’agit d’un dossier crucial la
fois pour les producteurs, mais aussi pour les sélectionneurs et
tous ceux qui ont foi en la culture du sorgho.
Que pensez-vous des changements, intervenus
en 2006, au niveau de l’évaluation variétale?
Définir trois groupes de précocité au lieu de
quatre est davantage en phase avec la réalité de terrain et les
précocités charnières. De même, l’évaluation des variétés en
conditions limitantes est plus conforme à la réalité. Plus de
70% du sorgho est cultivé en sec alors que les variétés
inscrites étaient conduites en conditions optimales ! Cette
réforme de l’évaluation est véritablement une avancée importante
pour les producteurs.
Le sorgho souffre encore aujourd’hui d’un
déficit d’image, comment dépasser ce problème ?
Il est vrai que le sorgho a un déficit d’image au niveau des
producteurs, mais aussi des collecteurs et des fabricants
d’aliments. Toute la filière fait, depuis plusieurs années, des
efforts de communication et je crois qu’il faut tirer un grand
coup de chapeau à toutes ces personnes qui croient en cette
culture. C’est un travail de longue haleine et si nous
réfléchissons sans cesse aux moyens d’améliorer notre
communication, la balle est aussi dans le camp des décideurs….