Montréal, Québec, Canada
October 31, 2006
"Le ministre fédéral Chuck Strahl
doit intervenir rapidement pour soutenir les producteurs et
productrices agricoles de la région de Saint-Amable, aux prises
avec d'énormes pertes depuis que leur région a été mise en
quarantaine. Leur situation est de plus en plus intenable, plus
de deux mois après que les autorités fédérales ont freiné leurs
activités."
Voilà le cri d'urgence qu'ont
lancé aujourd'hui les producteurs agricoles de cet endroit,
réunis majoritairement sous la bannière du Groupe Ama-Terre et
appuyés dans leurs demandes par la Fédération des producteurs de
pommes de terre du Québec (FPPTQ), la Fédération
interdisciplinaire de l'horticulture ornementale du Québec
(FIHOQ), la Fédération régionale de l'UPA de
Saint-Jean-Valleyfield et l'Union
des producteurs agricoles (UPA).
"Tout le monde reconnaît qu'il
faut aider ces gens-là, mais le problème c'est qu'il n'y a
encore aucun programme mis en place et cela, après deux mois
d'attente. Ce genre de mesure relevant du fédéral, voilà
pourquoi nous nous adressons directement au ministre Strahl pour
qu'il adopte enfin des mesures d'aide spécifiques à la
situation, a expliqué le président de l'UPA. Nous attendons
aussi un appui de Québec, qui doit soutenir nos revendications
en ce sens."
Nos élus ont une obligation
morale, a-t-il soutenu. "Ces producteurs-là ont agi de façon
responsable et dans l'intérêt public. Ils ont pleinement
collaboré avec le MAPAQ et l'Agence canadienne d'inspection des
aliments, ce
qui a grandement contribué à la levée d'un embargo qui
s'appliquait, à l'origine, à l'échelle du Québec. L'équité la
plus élémentaire exige qu'on les soutienne de manière juste et
adéquate, eux qui vivent un stress épouvantable depuis plus de
deux mois."
"Il s'agit d'une situation
exceptionnelle qui nécessite des mesures exceptionnelles, et le
ministre fédéral doit absolument en tenir compte, ont pour leur
part soutenu le président de la FPPTQ, M. Pierre Chouinard, et
celui de la FIHOQ, M. Jean Grégoire. D'autant plus, ont-ils
insisté, que son Ministère a déjà édicté, par le passé, des
règlements autorisant une indemnisation dans des situations
comparables, des précédents qui justifient, eux aussi, qu'il
intervienne en toute équité."
"On ne peut plus vendre nos
produits. On doit détruire notre production, faire une croix sur
les revenus de nos récoltes, non seulement actuelles mais aussi
à venir. La situation est catastrophique! Il faut pourtant
continuer à honorer nos obligations financières et faire notre
épicerie. Les fournisseurs et les banques sont à nos portes; nos
gens ont besoin de liquidités, pas pour aujourd'hui, pour HIER!"
a fait valoir, de son côté, M. Philippe Gemme,
président du Groupe Ama-Terre, soulignant ainsi l'urgence de la
situation.
Pour M. Eddy Proulx, président de
la Fédération régionale de l'UPA de Saint-Jean-Valleyfield, qui
comprend Saint-Amable sur son territoire, c'est un dur coup. "A
elles seules, a-t-il souligné, les entreprises de pommes de
terre
qui sont concernées revendiquent 7 % de la superficie
provinciale consacrée à cette production. S'y trouvent aussi
plusieurs emballeurs qui écoulent des pommes de terre d'un
nombre important de producteurs d'autres régions, sans compter
les productions horticole et maraîchère. C'est un drame pour
l'économie locale et régionale."
On se rappellera que, le 15 août
dernier, on découvrait un cas de nématode doré (un ver ravageur)
chez un producteur de pommes de terre de la région. La
quarantaine fut aussitôt annoncée par l'ACIA, suivie d'un
embargo complet, dès le lendemain, par les Etats-Unis sur les
pommes de terre et certains végétaux cultivés à même le sol.
Les frontières américaines ont
beau avoir été rouvertes à ces produits végétaux québécois et
canadiens, le 16 octobre dernier, la réalité reste
malheureusement dramatique pour les agriculteurs de différents
secteurs de production agricole dont les terres se trouvent dans
une zone qui, depuis, a été réglementée et soumise à des
restrictions hautement limitatives. Il faut savoir, à titre
indicatif, qu'une ferme de 60 hectares en pommes de terre génère
des ventes qui varient entre 250 000 et 450 000 dollars
annuellement, ce qui donne une idée des pertes possibles.
Le nématode doré est un parasite
justiciable de quarantaine à déclaration obligatoire au sens de
la Loi sur la protection des végétaux. Sans risque pour la
salubrité et l'innocuité de la pomme de terre ni pour la santé
humaine, sa présence peut toutefois entraîner des baisses de
rendement atteignant 80 %. De plus, il peut rester présent dans
le sol durant de nombreuses années, attendant une plante hôte
comme la pomme de terre, la tomate et l'aubergine pour se
reproduire. |