Montpellier, France
June 14, 2006
Source: Cirad
Lettre d'information No 9
Sous l’effet des contraintes nutritives ou
climatiques, les plantes adaptent leur morphologie. Dans le cas
du riz, un outil de modélisation, développé par le
Cirad dans le cadre du projet
Oryzon, permet désormais de simuler cette adaptation et de mieux
la comprendre.
Lorsqu’un
climat est trop sec ou trop chaud, et inversement, les plantes
sont soumises à un stress, mais elles sont capables de
s’adapter. Les chercheurs évaluent alors leur résistance à ce
stress. Cette résistance peut également amener les plantes à
modifier, tout au long de leur développement, leur morphologie
voire leur architecture. Cette plasticité est d’une importance
capitale pour la productivité des cultures dans des milieux
variables et hétérogènes ; c’est donc en soi un objectif de
sélection variétale. Mais jusqu’à présent, elle n’était pas
prise en compte dans les études. L’outil de modélisation
développé par le projet Oryzon, qui vient de s’achever, permet
désormais, dans le cas du riz, de combler cette lacune.
Il offre la possibilité de simuler les processus de création et
le dimensionnement de nouveaux organes du riz en fonction de la
disponibilité des nutriments assimilés au sein de la plante.
Cette disponibilité s’exprime par la concentration de certains
sucres. Contrôlée par l’activité d’enzymes, cette concentration
joue le rôle de signal, et donc de régulateur, au niveau des
zones initiant de nouveaux organes. La plante ajuste ainsi sa
morphologie : son système racinaire, la taille et le nombre de
ses feuilles. L'ensemble de ces paramètres conditionne l'accès
aux ressources nutritives, la résistance au stress
environnemental, ou encore la compétition face aux adventices.
Pour arriver à ce résultat, de nombreuses observations ont été
accumulées, en milieu contrôlé, sur des variétés et des mutants
contrastés de riz, soumis à différentes contraintes : carence en
phosphore, périodes d’ombrage, sécheresse… La morphogenèse de la
plante et de ses organes, leur teneur en sucres, l’activité
d’enzymes clefs ont été mesurées. Un mécanisme majeur de
plasticité a notamment été mis en évidence : en réponse à une
carence en phosphore, la croissance racinaire est stimulée –
certainement pour améliorer l’accès au phosphore – au travers
d’une cascade d’inhibitions de la croissance de la partie
aérienne. La demande en carbone des organes aériens étant ainsi
réduite, les nutriments assimilés excédentaires sont mis en
réserve et la croissance racinaire est accélérée. A l’inverse,
sous l’effet d’un faible rayonnement, la croissance du système
racinaire est inhibée à la faveur d’une élongation des feuilles
et des tiges – certainement pour chercher de la lumière – alors
que l’organogenèse est ralentie.
La modélisation de ces adaptations pourrait, en outre, mener au
développement de marqueurs moléculaires puissants pour la
création variétale, et ainsi éviter le passage obligé par des
organismes génétiquement modifiés.
The morphological
adaptability of rice has at last been modelled
If a climate
is too hot or too dry, or the opposite, plants are exposed to
stress, but they are capable of adapting. Researchers can thus
assess their resistance to stress, which may also lead plants to
change their morphology and even their architecture, at any
stage of their development.
This
plasticity is of crucial importance for crop productivity in
variable, heterogeneous environments; it is thus a target for
varietal breeding operations. However, to date, it has not been
studied in detail. The modelling tool developed by the Oryzon
project, which has just been completed, can now be used for this
purpose in the case of rice.
It offers the possibility of
simulating how new organs develop in rice plants, depending on
assimilated nurtient availability within the plant. That
availability is reflected in the levels of certain sugars. Sugar
concentration is governed by enzyme activity, and acts as a
signal, and thus as a regulator, in the zones that give rise to
new organs. Plants thus adjust their morphology (root system and
leaf size and number). It is these parameters that govern access
to nutrient stocks, environmental stress resistance and
competition with weeds.
To achieve this result, numerous observations were carried out,
in controlled environments, on a range of rice varieties and
mutants subjected to various constraints: phosphorus deficiency,
shade periods, drought, etc. The morphogenesis of the rice
plants and their organs, sugar content and key enzyme activity
were measured. One major plasticity mechanism was demonstrated:
in response to a phosphorus deficiency, root growth is
stimulated–no doubt to improve access to the available
phosphorus–through repeated inhibition of aerial system growth.
This reduces carbon demand from the aerial organs, surplus
assimilated nutritients are set aside and root growth is
accelerated. Conversely, in the event of low sunshine levels,
root system growth is inhibited in favour of leaf and stem
elongation–no doubt in the search for light–while organogenesis
is slowed down.
Modelling these adaptation processes could also serve to develop
powerful molecular markers for use in varietal creation,
avoiding the need for genetically modified organisms. |