Montpellier, France
September 14, 2005
En Chine et en Afrique du Sud, la culture de cotonnier
génétiquement modifié occupe de plus en plus d’espace agricole.
Dans ces deux pays, le Cirad a
évalué l’intérêt de ces cultures, leur impact sur
l’environnement et les risques, notamment de résistance face à
certains ravageurs.
La culture des variétés de
cotonnier génétiquement modifié ne cesse de s’étendre, notamment
dans les pays en développement. En Chine et en Afrique du Sud,
les petits paysans emploient surtout les variétés Bt — cotonnier
génétiquement modifié porteur du gène cryIAc. Ces
variétés sont résistantes à plusieurs lépidoptères ravageurs,
essentiellement Helicoverpa armigera et
Pectinophora gossypiella. Dans les deux pays, le Cirad a
évalué l’intérêt de ces cultures dans les exploitations
agricoles et leur impact sur l’environnement : efficacité sur
les insectes ciblés, modification de la faune, évolution des
pratiques phytosanitaires, intérêt économique.
Résultats variables en petit paysannat sud-africain
En Afrique du Sud, les variétés Bt occupent 86 % des surfaces
cotonnières. Le Cirad a travaillé en collaboration avec
l’université de Pretoria. L’efficacité du gène cryIAc
est confirmée dès le début de la culture. Aucun effet n’est
décelable sur la faune utile sauf sur les parasitoïdes, moins
nombreux par manque de chenilles à parasiter. Les agriculteurs
ont pu supprimer les insecticides pyréthrinoïdes, mais les
organophosphorés, à toxicité plus élevée, restent nécessaires
pour lutter contre les insectes piqueurs suceurs. L’innovation
Bt est rentable pour les grandes exploitations, où les
rendements en coton-graine dépassent 3 000 kilos par hectare. En
revanche, en petite agriculture familiale, sans irrigation ni
engrais, le rendement moyen n’excède pas 500 kilos par hectare
et l’effet de la technologie Bt n’est pas statistiquement
significatif. L’emploi de ces variétés ne peut suffire pour
compenser les conséquences négatives des variations climatiques
ou du manque de technicité.
En Chine, les variétés Bt contribuent à la relance du
coton
En Chine, premier producteur mondial de coton, 58 % des surfaces
cotonnières sont semées en variétés Bt. Les enquêtes réalisées
par le Cirad en collaboration avec l’université du Hebei
montrent que ces variétés sont bien adaptées aux besoins des
petites exploitations, dont la culture intensive conduit à des
rendements de 3 500 kilos par hectare de coton-graine. Avec ces
variétés, la production cotonnière a été relancée dans les
provinces touchées par la résistance du lépidoptère H.
armigera aux insecticides. Aujourd’hui, une large gamme
variétale est disponible. Les variétés d’obtention chinoise, en
raison de leur meilleure adaptation et du coût plus faible de
leurs semences, tendent à remplacer les variétés américaines
introduites.
Le cotonnier Bt et la gestion intégrée des insectes
Les résultats indiquent que la technologie Bt est un facteur
d’amélioration qui doit être associé à d’autres pratiques
agronomiques. Son efficacité et sa rentabilité dépendent du
degré d’intensification de la culture et des conditions
naturelles de production. Toutefois, en Chine comme en Afrique
du Sud, la résistance du lépidoptère H. armigera au
cotonnier Bt peut apparaître et la faune des ravageurs peut
évoluer. Ce sont ces risques que la recherche doit surveiller
particulièrement en petite agriculture familiale, tout en
proposant des pratiques culturales et phytosanitaires mieux
adaptées.
Ce texte est extrait du
rapport annuel du Cirad, 2004 |