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Petite histoire d’une grande oeuvre : la sélection du blé
Des Vilmorin… à Limagrain

L’implication de la famille des Vilmorin dans la création de semences remonte à Claude Geoffroy, « Maîtresse Grainière du Roy de France », dont l’une des descendantes épousera, en 1775, un « Monsieur de Vilmorin ». Philippe-Victoire de Vilmorin (1746-1804) jette les bases industrielles de cette maison en introduisant en France de nombreuses espèces de plantes et d’arbres dénichées à travers le monde. Mais c’est grâce à Louis de Vilmorin (1816-1860) et à sa méthode de sélection généalogique que l’entreprise familiale atteint une réputation internationale. Le fils de ce dernier, Charles-Henry de Vilmorin, son petit-fils Philippe de Vilmorin, et leurs descendants Jacques de Vilmorin et André de Vilmorin, confirmeront la vocation céréalière de la maison, avant de développer la sélection des espèces potagères, comme les choux et les tomates.

Aujourd’hui spécialisée dans les plantes potagères et les fleurs, Vilmorin a transmis son fabuleux héritage à sa maison-mère, Limagrain. Le blé est aujourd’hui pour Limagrain une espèce aussi importante que le maïs : en France , il est développé dans le cadre de l’ensemble Maïs Angevin-Nickerson, pour la recherche variétale et la commercialisation, et par Limagrain Céréales Ingrédients, pour la valorisation industrielle.

Source: à propos - Les cahiers d'information de Limagrain 

Autour des années 1850, les agriculteurs français cultivent encore ce qu’on appelle des « populations de pays », des ensembles de plantes plus ou moins hétérogènes qui partagent une même capacité d’adaptation au milieu. Parmi eux, on trouve, dans le sud de la France, les blés « d’Aquitaine » : des blés plutôt précoces, qui offrent une bonne valeur boulangère mais s’avèrent – et c’est fâcheux – particulièrement sensibles à la rouille jaune. La rouille ? Un parasite qui affecte les feuillages et ruine parfois des récoltes entières. Au même moment, d’autres populations d’origine anglaise telles que Chiddam d’automne ou Squarehead sont cultivées dans le nord de la France. Ces blés sont, au contraire, des blés tardifs et à bonne paille, mais donnant de mauvais grains…

Quand Louis de Vilmorin invente le métier du sélectionneur…

C’est alors qu’un gentleman-farmer français, Louis de Vilmorin (1816-1860), s’inspire de techniques anglaises pour isoler, choisir et croiser ces différentes plantes avant d’auto-féconder leurs descendances. Sa méthode « d’hybridation » lui permet de fixer et de repérer les caractères des « parents » qui l’intéressent, puis de les regrouper dans une « variété-fille ». En forçant le croisement d’une variété productive de mauvaise qualité par une variété à faible rendement mais de bonne qualité, il tente ainsi de créer une variété à la fois performante en rendement et en qualité !

Louis de Vilmorin décrit avec succès en 1856 sa méthode à l’Académie d’agriculture. Il vient d’inventer la « sélection généalogique » qui reste aujourd’hui encore, et dans le monde entier, la voie royale pour créer de nouvelles variétés végétales. Avec lui, le métier de sélectionneur professionnel est né. Dès 1883, Charles-Henry de Vilmorin distribue les semences de la première variété moderne issue de la sélection généalogique, la variété Dattel. Il l’a obtenue en croisant, dans les pépinières familiales, deux populations anglaises, Chiddam d’automne à épi rouge et Prince Albert. Des hybridations  ultérieures entre les blés d’Aquitaine et des blés européens traditionnels aboutiront, dès 1890, à toute une série de variétés Vilmorin. Celles-ci constitueront la base des blés français durant toute la première moitié du XX° siècle. Ce travail de sélection généalogique inventé par Louis de Vilmorin exige avant tout un sens aigu de l’observation et de la décision. Très vite, il sera maîtrisé dans toute l’Europe, mais aussi en Afrique du Nord, en Amérique, en Inde et en Australie, où des programmes « modernes » de sélection du blé se développeront progressivement.

Le bond en avant de la génétique

Au départ empiriques et artisanaux, les travaux de sélection vont bénéficier, dès le début du XX° siècle, des résultats d’une nouvelle science : la génétique. Elle a pour base l’hérédité et la transmission des gènes d’une génération de plantes à l’autre. On connaît la suite. 1953 : la découverte de la structure de l’ADN par l’américain Jim Watson et l’anglais Francis Crick ! Le bond en avant… Toutes ces nouvelles connaissances en génétique vont offrir aux sélectionneurs une bien meilleure compréhension des plantes. C’est ainsi que certains facteurs de régularité du blé sont abordés de manière plus précise. La recherche de variétés résistantes aux ennemis des cultures, en particulier aux champignons pathogènes, bénéficie aussi largement de ces progrès. C’est avec le blé – et les Vilmorin – que la sélection moderne a débuté. Depuis, les variétés de blé n’ont cessé de gagner en qualité. Voici comment…

Original document: http://www.limagrain.com/limagrain/newsdocs/2825/doc/Le_ble_et_la_recherche.pdf

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