Montpellier, France
March 10, 2009
«
Plante-miracle », « or vert du désert », le Jatropha fait la Une
! Cet arbuste originaire d’Amérique du Sud produit en effet une
huile aux propriétés proches de celles du gazole. Et ses graines
ne sont pas comestibles : son utilisation n’entre donc pas en
compétition avec les plantes alimentaires. Son exploitation
industrielle a toutefois quelques limites et présente le risque
de conflits d’usage sur des terres aujourd’hui à vocation
vivrière.
« C’est le dernier choc pétrolier qui a créé cet engouement
international pour le Jatropha. Depuis l’intérêt est un peu
retombé » déclare d’emblée Roland Pirot *, chercheur au
Cirad.
Dans les années 40 déjà, la plante était utilisée comme
carburant en Afrique. Là-bas, on l’appelle pourghère et on lui
prête traditionnellement bien des vertus… Son latex contient des
agents coagulants et cicatrisants pour soigner les blessures.
Son huile est purgative. On l’utilise aussi pour fabriquer du
savon. Son tourteau peut être utilisé en engrais. Son système
racinaire profond permet de lutter contre l’érosion des sols. Et
les haies vives de Jatropha entourent traditionnellement les
jardins maraîchers pour les protéger des animaux.
L’Inde est en fait l’un des premiers pays à s’être intéressé de
près au Jatropha à la fin des années 1990, pour produire du
carburant. Ceci dit, le rappelle Gilles Vaitilingom ** « des
projets de développement furent montés en Afrique dans les
années 80 mais ils s’avérèrent sans suite ». Si le Jatropha est
une plante résistante qui pousse sur tous les terrains arides,
elle n’en demande pas moins un minimum d’eau et de fertilisants
pour « une production exploitable seulement au bout de quatre à
cinq ans » précisent les chercheurs, d’autant que la récolte
(tout comme le coton ou le café) doit se faire manuellement à
cause de sa floraison échelonnée.
Une production en circuit court au Mali
En 2007, le Cirad en partenariat avec une entreprise française
Agrofuel lançait un projet de recherche et développement sur
l’huile de Jatropha utilisable soit pure pour les moteurs, soit
en ester ou biodiesel. Une étude bibliographique sur la
production de Jatropha était réalisée ainsi que la mise en place
d’une station expérimentale au Mali. En 2009, avec un
financement de la Fondation Tuck obtenu jusqu’à fin 2010, le
projet continue avec le partenaire malien, l'Association
d'Entraide pour le Développement Rural. L'objectif est de rendre
autonome la station d'Ecotourisme de Teriya Bugu d'un point de
vue énergétique, en utilisant dans les groupes électrogènes,
l'huile de Jatropha produite par les agriculteurs de la région.
Associés au fonctionnement de la station, les agriculteurs
maliens ont déjà mis en place l'équivalent de 50 hectares de
Jatropha sur de petites parcelles ou des haies réparties sur
leurs exploitations.
Ce nouveau projet vise à permettre le développement d’un
véritable « tissu économique local », la création de filières de
productions locales et d'activités rurales rémunératrices. Soit
une expérience d’agriculture familiale malienne en circuit court
qu’évaluent les chercheurs du Cirad.
C’est aussi le savoir faire du Cirad en expérimentation de
terrain qui a été requis par l’Université de Wageningen
(Pays-Bas), pour le volet agronomique du projet européen JATROP
dont le lancement est attendu pour 2009 et qui réunit des
institutions de recherche du Nord et du Sud ainsi que des
entreprises privées.
* agronome à l’Unité propre de recherche Systèmes de culture
annuels du Cirad
** énergéticien à l'Unité propre de recherche Biomasse-Energie
du Cirad
En Savoir plus :
Biomasse énergies et sociétés du Sud :
http://www.cirad.fr/recherches/axes_prioritaires/biomasse_energie_et_societes_du_sud/questions_de_recherche
|
|