Antoingt, France
July 10, 2006
Limagrain et
Biogemma viennent de
donner leur deuxième point de rencontre avec la presse sur la
parcelle d’Antoingt afin de sensibiliser l’opinion publique sur
la nécessité de réaliser des essais OGM au champ pour préserver
la compétitivité de la recherche, de l’agriculture et des
agro-industries françaises et européennes.
Cette action s’organise dans le
cadre d’une campagne d’information lancée le 24 mai dernier lors
des semis de la parcelle d’essai OGM sur la commune d’Antoingt,
dans le Puy-de-Dôme. Limagrain y réalise, pour le compte de
Biogemma, société de biotechnologies du monde agricole,
l’ensemble des opérations agronomiques. A cette occasion,
Limagrain et Biogemma s’étaient engagés à réunir la presse aux
étapes clés de la réalisation de l’essai (semis, montaison,
floraison, récolte…) pour mieux illustrer les objectifs de
recherche.
Ces rencontres avec la presse
s’inscrivent dans le contexte des débats instaurés tant par le
Conseil Régional d’Auvergne(1) que par le Comité Economique et
Social Régional d’Auvergne, qui ont appelé l’ensemble des
parties à l’écoute et au dialogue.
La destruction partielle de la
parcelle dans la nuit de dimanche 2 au lundi 3 juillet, montre
que les faucheurs sont restés sourds à ces appels.
Limagrain et Biogemma, qui
n’entendent pas renoncer au dialogue, ont maintenu le deuxième
rendez-vous prévu à la montaison même si à ce jour il n’est pas
encore certain que les essais d’Antoingt pourront être
poursuivis.
Les objectifs de recherche des
essais d’Antoingt
Cette visite au champ du 10
juillet a été l’occasion de redécouvrir les objectifs de
toujours du métier de semencier, de préciser le rôle de la
transgénèse, de faire le point sur le cadre réglementaire
applicable aux essais, et enfin de présenter l’itinéraire de
tout projet de recherche, dont les étapes s’enchaînent sur une
période de 15 ans. Elle a aussi permis d’illustrer ces grands
principes avec le commentaire des chercheurs sur les 2 essais
réalisés à Antoingt : la tolérance sécheresse et la précocité de
floraison.
L’essai tolérance à la sécheresse
chez le maïs illustre le rôle de la transgénèse pour créer de
nouvelles plantes mieux adaptées. Le sorgho est réputé pour sa
tolérance à la sécheresse. Un gène du sorgho, le « pepc », est à
l’origine de cette aptitude. Il a été transféré dans le maïs.
L’essai d’Antoingt vise à confirmer le rôle de ce gène.
L'essai précocité de floraison du
maïs illustre le rôle de la transgénèse comme outil de
recherche. Les résultats seront utilisés pour améliorer les
performances de la sélection conventionnelle. Le programme
consiste à examiner le rôle de 5 "gènes candidats", issus d'un
programme de génomique, pour confirmer ou non leur implication
dans le déterminisme de la précocité de floraison.
La destruction d’Antoingt met
la recherche française en danger !
A ce jour, le quart des rares
essais OGM semés en 2006 ont déjà été détruits. En 2005, c’était
48% des essais qui étaient détruits ; en 2004, 42% et en 2003,
68%. Il s’agit d’un véritable sabotage qui précarise la
recherche, bloque la production de connaissances, fait prendre
du retard à la recherchefrançaise et la place en situation de
dépendance technologique.
Détruire les essais OGM au champ,
c’est d’abord porter atteinte à la recherche. Car il est
indispensable de faire des essais pour confirmer et asseoir sur
le terrain les résultats obtenus au laboratoire et en serre.
Hier pionnières des biotechnologies végétales, la France et
l’Europe prennent chaque jour davantage de retard, face aux
Etats-Unis, mais aussi face à des pays émergents comme la Chine
et l’Inde. En 1998, la France comptait près de 1000 parcelles
d’essais au champ, soit 25 % des parcelles mondiales. En 2005,
seulement 1% : sur près de 5 000 parcelles d’essais dans le
monde, moins de 50 essais ont été mis en place en France, dont
la moitié a été détruite par des activistes anti-OGM. Il n’est
plus possible d’acquérir des résultats de notre recherche et cet
effondrement de la recherche française est préoccupant.
N’oublions pas que nous devons notre culture, notre niveau de
vie et notre place économique d’aujourd’hui aux innovations et à
la recherche.
Détruire les essais OGM au champ,
ce n’est pas protéger l’agriculture française. C’est au
contraire l’exposer à des monopoles qui se renforcent chaque
jour. C’est aussi bloquer la production de connaissances et
compromettre notre capacité future d’innovation. En effet, ces
agressions créent de la précarité. Sans perspective de marché,
les entreprises se détournent de l’Europe pour conduire leurs
recherches stratégiques ailleurs. Un décalage
croissant s’instaure entre les investissements massifs des
grands acteurs mondiaux en biotechnologies végétales, comme les
Etats-Unis, la Chine ou l’Inde, et ceux, en régression, de la
France et des autres états membres de l’Union Européenne.
Détruire les essais OGM au champ,
c’est faire prendre du retard à la France. Conséquence ? Une
dépendance technologique et l’obligation d’acquitter des
redevances de plus en plus importantes pour rester sur le
marché, et, après la délocalisation des activités de recherche,
celle des activités agro-industrielles et des emplois.
Ce retard est-il insurmontable ?
Non, car les compétences existent et ne sont pas encore
dispersées, mais il faut agir de toute urgence sinon la France –
comme l’Europe – sera irrémédiablement distancée.
L’urgence d’une loi sur les OGM
équilibrée et compétitive
Limagrain et l’ensemble du monde
agricole, actionnaires de Biogemma, attendent de cette loi
qu’elle crée un cadre réglementaire équilibré et compétitif qui
permette :
- de donner un nouvel élan à
la recherche française en biotechnologies végétales en
établissant les conditions nécessaires pour réaliser
sereinement les travaux de recherche qui sous-tendent la
compétitivité future de la nation.
- d’offrir de nouvelles
opportunités de développement à l’agriculture et aux
industries associées, en leur permettant de bénéficier enfin
des multiples avancées issues des ces technologies, bases
incontournables de la performance économique, sociale et
territoriale de la France.
Rappelons que Biogemma, seule
entreprise européenne de recherche en biotechnologies végétales,
développée et financée par le monde agricole, réunit à la fois
des spécialistes des biotechnologies végétales et de
l'amélioration des plantes et des représentants des grands
acteurs semenciers français : les groupes coopératifs Limagrain*
et Euralis, la société RAGT ainsi que les filières céréalières
et oléoprotéagineuses représentées respectivement par Unigrains
et Sofiprotéol.
*actionnaire majoritaire
Rappelons que Limagrain est un
groupe coopératif agricole, spécialiste de l’amélioration des
plantes et de leur valorisation dans des filières
agroindustrielles spécialisées.
4ème semencier mondial,
Limagrain commercialise des semences destinées aux agriculteurs,
aux maraîchers et aux jardiniers amateurs. Limagrain prolonge
son savoir-faire végétal dans la création, la production et la
commercialisation d’ingrédients céréaliers et de produits de
panification. Sur l’exercice 2004-2005, le Groupe a rayonné sur
plus de 100 pays et réalisé un chiffre d’affaires supérieur à un
milliard d’euros (1074 M€). Avec près de 6 000 collaborateurs,
Limagrain appuie son développement sur un effort de recherche
important (Plus de 100M€, soit 13 % du chiffre d’affaires
professionnel).
(1) « Les OGM font débat » : 4
réunions publiques organisées par le Conseil Régional d’Auvergne
en mai 2006 à Montluçon, le Puy en Velay, Aurillac et Clermont
Ferrand. |