Paris, France
February 23, 2006
Dossier INRA - Institut
National de la Recherche Agronomique
Dossier SIA Introduction :
chimie verte
Les végétaux
peuvent remplacer le pétrole dans la majorité des process de
l'industrie chimique. Ils ont l'avantage d'être renouvelables,
biodégradables et leur production ne contribue pas ou peu à
l'émission de gaz à effet de serre. Mais pour se substituer à la
pétrochimie, cette chimie verte doit encore démontrer son
efficacité industrielle, économique et environnementale. Dans ce
domaine, innovations et évaluations vont bon train.
En demi-sommeil
depuis un siècle, la chimie verte s'est réveillée sous l'effet
conjugué des avancées biotechnologiques et d'une réglementation
plus stricte concernant les rejets polluants dans
l'environnement. Elle est dorénavant capable de mettre à
disposition de l'industrie chimique des molécules comparables à
celles issues de la pétrochimie, mais produites à partir de
lipides, d'amidon, de saccharose et de cellulose.
À l'INRA, une
vingtaine d'unités de recherche se mobilisent sur la chimie
verte. Elles approfondissent les connaissances génériques de la
matière végétale et mettent en valeur l'éventail des aptitudes
des ressources renouvelables. L'INRA explore aussi des procédés
biotechnologiques d'intérêt industriel.
Si utiliser des plantes à des fins non alimentaires n'est pas
nouveau, l'innovation réside dans la palette des usages et des
procédés à l'œuvre : fibres et résines trouvent une nouvelle
jeunesse dans les biomatériaux de construction, lipides et
protéines servent de bases chimiques pour lubrifiants,
détergents, tensioactifs, les plantes ou arbres fournissent de
l'énergie...
De nouvelles
bio-molécules "vertes"
Plusieurs marchés
de la chimie cohabitent. Des molécules intéressent des marchés
de masse tels ceux de l'énergie ou les intermédiaires chimiques
employés dans la chimie lourde (biopolymères, acides gras). Les
bio-lubrifiants par exemple représentent déjà 3 % des
lubrifiants totaux. Ils remplacent communément les fluides
hydrauliques dans les machines agricoles, pompes, vérins...
--> exemple :
Lipochimie et recyclage
"Valoriser un sous-produit, le glycérol, pour soutenir les
filières de la lipochimie verte"
Des chercheurs de l'INRA de Toulouse ont montré que l'on
pouvait produire des lipides industriels à partir de graines
riches en oléine sans passer par les étapes de trituration et de
raffinage habituelles qui génèrent des sous-produits parfois
encombrants et pas entièrement recyclables.
Contact scientifique : Zéphirin MOULOUNGUI - tél : 05 62 88 57
27 -
zephirin.mouloungui@ensiacet.fr
--> exemple :
"Des tensioactifs à label vert à partir du tourteau de colza"
(Presse Info février 2006)
Des chercheurs de l'INRA de Nantes ont développé un procédé pour
produire des tensioactifs entièrement biodégradables à partir du
tourteau de colza. Ces tensioactifs "verts" mis au point par les
chercheurs de l'INRA ont déjà prouvé leur efficacité dans le
dégraissage des pièces métalliques des industries de la
mécanique de précision. Ils sont actuellement testés pour
produire des films non adhérents, utilisés par exemple pour
protéger certaines surfaces.
Contact scientifique : Serge BEROT - tél : 02 40 67 51 30 ou 50
31- berot@nantes.inra.fr
D'autres molécules
ont des propriétés pointues et ciblent des marchés spécifiques :
pharmacopée, cosmétique, traitement du bois...
--> exemple :
"Des plantes à traire" (Presse Info septembre 2005)
À Nancy, des chercheurs ont mis au point une technologie simple
permettant de récolter des molécules excrétées par les racines
de plantes cultivées dans un milieu nutritif liquide. Par divers
traitements (physiques, chimiques ou biologiques) les plantes
peuvent être "traites", les molécules d'intérêt pharmaceutique
étant récupérées dans le milieu nutritif. Datura innoxia, plante
tropicale qui produit des alcaloïdes tropaniques (neurosédatifs)
a été la première "plante à traire" mais le procédé fonctionne
aussi avec l'if (Taxus baccata) pour produire le taxol,
substance anticancéreuse. En effet, un gramme suffit au
traitement d'un malade pendant un an mais nécessite actuellement
l'abattage de trois ifs de 150 ans ! Brevetée par l'INRA et
l'Institut polytechnique de Lorraine (INPL) au niveau mondial,
cette technologie a reçu de nombreux prix en 2005 et fait
l'objet d'une licence avec une jeune entreprise.
Contact scientifique : Frédéric BOURGAUD - tél : 03 83 59 58 37
-
Frederic.Bourgaud@ensaia.inpl-nancy.fr
--> exemple :
"POP : un colorant jaune issu des pommes" (Presse Info
février 2006)
Les industries alimentaires et cosmétiques ont peu de solutions
en terme de colorant jaune hydrosoluble. Un des plus utilisés
est un pigment de synthèse, suspecté de provoquer asthme et
urticaire. Les chercheurs de l'INRA, en collaboration avec la
société Val de Vire, ont étudié les propriétés d'un pigment
naturel jaune au pouvoir antioxydant, issu des pommes : le POP
(produit d'oxydation de la phloridzine). Ce co-produit de
l'industrie cidrière, participant à la couleur naturelle du jus
de pomme, représente une alternative prometteuse aux colorants
de synthèse. La structure du POP et son mode d'obtention sont
brevetés par l'INRA et Val de Vire.
Contact scientifique : Sylvain GUYOT - tél : 02 23 48 52 09 ou
52 16 -
Sylvain.Guyot@rennes.inra.fr
--> exemple :
"L'ASAM, un procédé non toxique de traitement du bois"
Termites, capricornes et champignons sont des prédateurs du bois
de construction. Pour l'instant, les moyens de lutte font appel
à des produits toxiques qui seront prochainement interdits. Pour
les remplacer, l'Unité de chimie agro-industrielle de
l'INRA-INPT/ENSIACET a développé un nouveau produit de
traitement du bois : l'ASAM. Les chercheurs assurent toutes les
phases du développement de l'innovation, de la mise au point au
transfert vers les industriels du bois.
Contact scientifique : Elisabeth BORREDON - tél 05 62 88 57 26 -
MarieElisabeth.Borredon@ensiacet.fr
Selon l'importance
que prendront les ressources végétales dans la chimie, le
paysage agricole pourrait évoluer sensiblement. Aux États-Unis,
les estimations du National Research Council (2000) évaluent
qu'un quart de la production chimique organique proviendra de
ressources renouvelables en 2020 et 90% en 2090. En France,
aujourd'hui, 97% des produits chimiques sont encore d'origine
pétrochimique.
Les molécules
végétales (et animales d'ailleurs) ont en effet l'avantage
d'être généralement recyclables, compostables ou biodégradables,
tandis que les molécules issues de la pétrochimie s'avèrent
plutôt réfractaires à la dégradation. Les critères
d'éco-compatibilité prennent aussi en compte la toxicité pour
l'homme et l'écotoxicité, toutes deux souvent plus réduites
quand il s'agit de ressources naturelles.
L'INRA étudie ces
aspects pour l'ensemble des ressources végétales cultivées
(plantes et bois) en cherchant à chaque fois à réduire l'impact
environnemental des filières de transformation.
--> exemple Résine
sans solvant :
"Une résine pour limiter l'émission de composés polluants"
(Presse Info février 2006)
Les travaux de l'INRA et de l'Agro de Montpellier ont permis de
mettre au point une résine sans solvant à partir de matières
premières agricoles riches en protéines. Cette résine,
développée par la société Tate and Lyle, permet de réaliser des
panneaux de bois aggloméré et de matériaux composites à base de
fibres naturelles. Elle remplace en totalité ou en partie les
résines à base de formol, classées comme polluants dangereux.
Contact scientifique : Stéphane GUILBERT - tél : 04 99 61 28 31
ou 24 77 -
guilbert@ensam.inra.fr
Notons que la
notion de biodégradabilité, qui n'est pas liée à l'origine
biologique des produits, reste une question de recherche tant
sur ses mécanismes que sur son évaluation ou sur l'organisation
que suppose une filière de recyclage et d'élimination des
déchets organiques.
Les biomatériaux
Les chercheurs de
Montpellier et de Nantes ont par exemple démontré que les
biomatériaux obtenus à partir de gluten associaient des
performances énergétiques et industrielles avec une
biodégradabilité et une innocuité accrues quels que soient les
procédés de transformation employés. Ils valorisent, de plus,
des propriétés spécifiques de matériaux d'origines naturelles :
solubilité, perméabilité...
Les qualités de la fibre de bois, étudiées à l'INRA de Bordeaux
intéressent les fabricants... d'objets absorbants (couches
culottes, etc.). L'amidon de maïs est, quant à lui, transformé
en film à usage agricole.
Ces biomatériaux
sont toujours fondés sur des biopolymères. Ils peuvent être déjà
présents dans la matière végétale comme l'amidon des céréales,
les protéines du blé (gluten), des oléagineux et protéagineux,
la cellulose issue des plantes fibreuses annuelles ou pérennes.
Par ailleurs, d'autres polymères peuvent être néoformés en
recourant à des biotechnologies.
--> Exemple :
"Un emballage bioactif pour préserver la fraîcheur des
champignons de Paris" (Presse Info février 2006)
Les champignons de Paris, en barquette, présentent une forte
activité respiratoire et une sensibilité au gaz carbonique
élevée, entraînant rapidement une ouverture du chapeau et leur
décoloration. Les chercheurs de l'unité mixte "Ingénierie des
agro-polymères et technologies innovantes" à Montpellier ont mis
au point un matériau d'emballage composite constitué d'un papier
imprégné de gluten de blé, biodégradable, sélectif et perméable.
Le conditionnement des champignons de Paris avec cet emballage
permet une conservation à 20°C de quatre jours contre un jour
avec un film synthétique conventionnel.
Contact scientifique : Nathalie GONTARD - tél. : 04 67 14 33 61
ou 41 96 -
gontard@univ-montp2.fr
Le chanvre connaît
ainsi une renaissance remarquable dans la construction pour ses
capacités isolantes, en remplacement de la laine de verre ou en
association avec la chaux en substitution des parpaings de
béton.
--> exemple :
Fibres de chanvre
"Plastiques composites à base de fibres végétales"
Deux projets rémois soutenus par le GIS Agrice (Agriculture
pour la chimie et l'énergie, coordonné par l'Ademe) portent sur
l'incorporation de fibres de chanvre dans les matériaux
thermoplastiques en remplacement des fibres artificielles. Les
marchés émergents sont ceux des pièces d'habillage intérieur
pour l'automobile ainsi que les matériaux pour l'ameublement et
le transport de marchandises. L'industriel associé aux projets
souhaite tirer profit de la variabilité des propriétés des
fibres naturelles ainsi que de leur réactivité, qui influent
considérablement sur la qualité finale du matériau composite
réalisé.
Contact scientifique: Bernard KUREK - tél : 03 26 77 35 93 -
bernard.kurek@reims.inra.fr
Les biocarburants
et la bio-énergie
Sur le devant de
la scène médiatique, la production de biocarburants est
actuellement dopée par la hausse des prix du pétrole et la
montée en puissance des questions concernant le changement
climatique dû à l'augmentation des gaz à effet de serre issus
des carburants fossiles.
Les
biocarburants de 1ère génération
Dès 1992, la
France s'est lancée dans deux filières parallèles.
D'une part, le
biodiesel, plus connu sous son nom de marque "diester" : un
ester (ester méthylique d'huile végétale, EMHV) produit par
réaction du méthanol (pétrochimique) sur des huiles végétales
provenant de colza et accessoirement de tournesol. Cet EMHV est
mélangé réglementairement au gazole jusqu'à 5%.
D'autre part,
l'ETBE (Éthyl tertio butyl ether) obtenu par synthèse à partir
de bioéthanol provenant de blé et de betteraves et d'isobutylène
issu de raffinerie pétrochimique. L'ETBE est incorporé à
l'essence à hauteur de 15% maximum, pour constituer l'essence
sans plomb que l'on trouve aujourd'hui à la pompe.
Le biodiesel est
l'option qui connaît la plus forte croissance : + 28% entre 2003
et 2004 dans l'UE. Il représente l'essentiel des surfaces
cultivées à des fins énergétiques en France.
ETBE et biodiesel
ont permis d'initier le développement de la filière
biocarburant. Cependant, on ne saurait en rester là. Trop
d'hectares sont nécessaires : le colza produit peu d'énergie par
hectare ; le blé et la betterave en produisent davantage mais
avec un bilan énergétique global moins favorable. En
extrapolant, couvrir les besoins énergétiques en carburant
immobiliserait la quasi-totalité de la surface agricole
française !
Parmi toutes les
modalités d'utilisation possibles, les pays ont pris différentes
options et la période actuelle apparaît comme une phase de
transition. Une voie possible est l'utilisation du bioéthanol
pur, sans mélange avec des composants pétrochimiques, à l'instar
de ce qui se fait au Brésil, aux États-Unis ou en Suède. Cela
nécessite d'adapter les moteurs, mais réduit sensiblement les
émissions de gaz à effet de serre ainsi que d'autres polluants
atmosphériques (particules, monoxyde de carbone, composés
précurseurs de l'ozone).
Autre option en
Europe, certaines organisations agricoles revendiquent
l'utilisation d'huiles pures comme carburant. De nombreuses
expériences ont vu le jour pour alimenter les tracteurs.
Cependant les constructeurs n'y sont pas favorables (les
propriétés des huiles variant significativement en fonction des
cultures oléagineuses) et la combustion de l'huile ne respecte
pas la réglementation antipollution actuelle.
--> exemple :
Une nécessaire évaluation globale des biocarburants
Dans le contexte actuel de prix élevé du pétrole (en moyenne 53
dollars/baril en 2005) et de lutte contre l'effet de serre, l'UE
renforce ses objectifs en matière de production de biocarburants
: ils devront représenter 5,75% de la consommation totale de
carburants à l'horizon 2010 pour la France, contre 1% en 2005.
L'INRA évalue les conséquences de ce scénario au niveau
économique pour la France. Il ressort de cette étude que les
bénéfices énergétiques et économiques des biocarburants de
première génération ne sont pas suffisants pour que ces derniers
puissent remplacer de grandes quantités de ressources
pétrolières.
Contact scientifique : Jean-Claude SOURIE - tél : 01 30 81 53 61
- mél :
sourie@grignon.inra.fr
Les
biocarburants de 2ème génération
Pour prendre une
part significative dans le bilan énergétique, il est nécessaire
d'accroître le nombre et le volume de végétaux à utiliser comme
matière première pour produire des biocarburants : plante
entière, forêt, fraction biologique des déchets urbains). La
ressource la plus largement disponible et qui n'entre pas en
compétition avec les productions alimentaires est la
lignocellulose : plantes, arbres, pailles...
Deux procédés sont
utilisés pour produire les carburants de 2ème génération : la
thermochimie avec comme sortie des carburants de synthèse ou de
l'hydrogène, ou la filière biologique de type fractionnement
enzymatique pour la production d'éthanol et d'hydrogène.
Valoriser
la biomasse de la plante entière
La troisième
option, travaillée par les chercheurs, consiste à convertir la
biomasse de la plante entière. La biomasse provient de
l'accumulation des produits de la photosynthèse dans les
végétaux au cours de leur vie. Le bois est la principale source
de biomasse (combustion), viennent ensuite les déchets ménagers
et déjections animales (incinération, méthanisation), puis les
cultures annuelles ou pérennes (fermentation), mais les plantes
annuelles (céréales, oléagineux, betterave, lin, chanvre...) ou
leurs sous-produits (paille, son) ainsi que les cultures
pérennes (légumineuses, fétuques...) et les taillis à courte
rotation (saules, peupliers) offrent de nouvelles perspectives.
--> exemple :
Des mini-forêts pour produire du "bois-énergie"
Le bois est une source d'énergie abondante, renouvelable et
peu polluante, qui pourrait connaître un regain d'intérêt comme
alternative au pétrole dans le contexte de la lutte contre
l'effet de serre. Pour obtenir une quantité de biomasse
suffisante, les chercheurs de l'INRA ont étudié un système de
sylviculture intensive de jeunes peupliers (appelé TCR ou
taillis à courte rotation) autorisant plusieurs cycles de
production-récolte. Ils ont mis en place dès 1983 un réseau
d'essais de quelques dizaines d'hectares qui permet d'étudier la
durabilité du système sur le long terme.
Contact scientifique : Jean-Charles BASTIEN - tél : 02 38 41 78
11 -
Jean-Charles.Bastien@orleans.inra.fr
La transformation
de la plante entière a trois atouts : elle permet de maximiser
le rendement énergétique à l'hectare ; elle limite les surfaces
nécessaires ; il n'y a pas de sous-produits.
L'amidon des grains a déjà dévoilé son pouvoir énergétique, il
s'agit dorénavant de transformer les tiges et les troncs des
végétaux, composés de lignocellulose.
--> exemple :
Évaluation de filières "biomasse cellulosique" pour la
production de biocarburants de 2ème génération
La pérennité économique de la filière de production de
bioénergie, et en particulier de carburants d'origine
lignocellulosique, nécessite de mobiliser durablement de très
grands volumes de biomasse sur des territoires restreints. Le
projet REGIX, dont l'INRA est partenaire, est fondé sur une
approche unifiée entre agriculture et forêt et a pour ambition
de doter les acteurs économiques d'outils, de méthodes et de
données de référence de qualité pour développer cette filière.
Contact scientifique : Stéphane CADOUX - tél : 03 22 85 75 15 -
mél :
Stephane.Cadoux@mons.inra.fr
Défis
technologiques
D'une part, les
recherches approfondissent les connaissances génériques sur les
tissus lignocellulosiques : organisation des parois végétales,
réactions physico-chimiques et cytochimiques qui caractérisent
la matière fibreuse. D'autre part, les travaux plus appliqués
définissent les technologies les mieux appropriées. Car la
transformation de la lignocellulose s'avère problématique :
cette seule étape coûte environ la moitié du prix de revient de
l'éthanol produit. Il s'agit de séparer la lignine et la
cellulose et de les transformer en sucres puis en alcool. Or, la
conversion des pentoses (sucres à 5 carbones) est encore un défi
pour la recherche.
L'INRA privilégie l'hydrolyse enzymatique (coupure des molécules
par des enzymes) à l'hydrolyse chimique : l'action des enzymes
est hautement spécifique, elle n'engendre aucun sous-produit et
le potentiel biotechnologique permet d'envisager de réduire les
coûts. Actuellement, on utilise surtout des levures.
--> exemple : À Reims , l'INRA étudie l'action d'enzymes de la
bactérie Thermobacillus xylanilyticus sur la paille et le son de
blé. Le passage au stade industriel est exploré avec la société
ARD dans le cadre du pôle de compétitivité "Industries et
agro-ressources" porté par les régions Champagne-Ardenne et
Picardie.
--> exemple : À
Marseille, l'INRA travaille à partir d'enzymes issues de
champignons filamenteux. Le programme européen NILE (New
Improvements for Lignicellulosic Ethanol), conduit en
partenariat avec l'Institut français du pétrole, vise à mettre
au point un procédé qui sera testé sur véhicules à l'horizon
2009.
En parallèle aux
recherches biotechnologiques, il faut imaginer l'organisation
d'une telle filière biocarburant. Quelle dimension pour le
bassin de production et de collecte par exemple ? Utiliser les
pailles suppose en effet d'acheminer des volumes très importants
vers les usines de transformation et de prendre en compte le
cycle saisonnier de l'approvisionnement. La complémentarité des
sources de biomasse peut alors s'avérer indispensable pour
viabiliser l'unité industrielle.
Écobilans
et cycles de vie
La légitimité des
filières biocarburants, comme de la chimie verte, réside dans
leur contribution au développement durable et aussi dans leur
efficacité économique.
--> exemple :
L'INRA, à Versailles-Grignon en particulier, s'est forgé une
expertise dans l'évaluation de l'impact environnemental de ces
jeunes filières. L'évaluation associe des analyses de cycle de
vie (le cycle de vie est le temps que met le produit à se
dégrader) et des approches pluridisciplinaires. L'Institut a
ainsi mis au point des méthodes et modèles (comme le modèle
économique OSCAR) capables de mesurer le plus complètement
possible l'apport et les limites des filières biocarburants.
L'écobilan revient notamment à quantifier sous forme de flux de
matières toutes les activités en jeu dans leur production :
depuis l'énergie consommée pour fournir les engrais épandus sur
les cultures jusqu'à l'émission de gaz à effet de serre lors de
la combustion dans un moteur.
Contact : Benoît GABRIELLE, INRA Grignon, tél : 01 30 81 55 51,
Benoit.Gabrielle@grignon.inra.fr
Sur ce point, les
effets positifs des biocarburants sont indéniables mais modestes
: ils permettent aujourd'hui d'économiser 1% de nos émissions en
CO2 par an, le biodiesel ayant un meilleur rendement énergétique
que le bioéthanol. À l'horizon 2010 si l'on respecte les
exigences européennes, les biocarburants permettront une
économie nette de 1,5 à 2 Mtep de pétrole qu'il faut comparer
aux 2,9 Mtep consommées par l'agriculture en 2004 et aux 92,8
Mtep de pétrole consommées annuellement...
Même ambitieux, le
programme biocarburant ne contribue donc que marginalement à
l'indépendance énergétique. D'où l'intérêt des recherches sur la
lignocellulose qui tendent vers une meilleure efficacité
économique et énergétique.
Enfin, à l'échelle
locale, l'évaluation des bénéfices environnementaux reste
difficile à mesurer. Les pollutions agricoles résultant de la
production de blé, betterave et colza destinée aux bioénergies
sont peu prises en compte dans les écobilans actuels. Or
l'acceptabilité des filières localement en dépend. Mais là
encore, privilégier la production de biomasse sur la production
de grains permettra de s'affranchir de beaucoup de traitements
phytosanitaires, la croissance des feuilles et des tiges étant
moins sensible aux attaques que la floraison et la
fructification.
L'INRA est
impliqué dans le pôle Industrie et agro-ressources
Ce pôle de
compétitivité à vocation mondiale s'appuie sur les
régions Picardie et Champagne-Ardenne.
Industriels, chercheurs et universitaires se sont
associés pour élaborer un pôle sur le thème
valorisation non-alimentaire des agro-ressources
s'appuyant sur le concept d'utilisation de la plante
entière. Les objectifs sont : l'utilisation de
produits naturels ou renouvelables, le développement
de procédés plus respectueux de l'environnement et
la lutte contre le changement climatique.
L'INRA est membre du conseil d'administration du
pôle. Les chercheurs de l'INRA de Lille sont
impliqués dans des programmes de recherche sur : les
biocarburants de 1ère et 2ème génération,
l'utilisation des pailles, du chanvre et du lin
comme bio-matériaux, la valorisation des co-produits
: son, drêches..., l'évaluation environnementale des
filières de bio-procédés.
Contact INRA :
Ghislain GOSSE - tél : 03 22 85 75 04 -
Ghislain.Gosse@mons.inra.fr |
L'INRA
participe à des projets européens de recherche sur
la chimie verte
ASIATIC
: Production de l'éthanol pour le transport en Chine
au travers de l'agriculture et des petites et
moyennes industries situées dans les zones
péri-urbaines, coordonné par l'INRA (2002-2004).
Contacts INRA : Ghislain GOSSE - tél : 03 22 85 75
04 -
Ghislain.Gosse@mons.inra.fr ou Benoît GABRIELLE,
Grignon - tél : 01 30 81 55 51 -
Benoit.Gabrielle@grignon.inra.fr
http://www-egc.grignon.inra.fr/ecobilan/asiatic/index.html
BIOENERGY
: Réseau d'excellence (2004-2009) coordonné
par le VTT (Finlande), l'INRA coordonne le groupe de
travail " Ressources agricoles " et plus
particulièrement lignocellulosiques. Dans le cadre
de ce groupe de travail, les régions Picardie et
Champagne-Ardenne ont été retenues comme sites
ateliers où l'on mobilisera les différentes équipes
européennes.
Contacts INRA : Ghislain GOSSE, tél : 03 22 85 75
04,
Ghislain.Gosse@mons.inra.fr ou Benoît GABRIELLE,
tél : 01 30 81 55 51,
Benoit.Gabrielle@grignon.inra.fr
http://www.bioenergy-noe.org/
BIOENERGY
CHAIN : coordonné par le Centre de
Recherche en Energie Solaire (Grèce) (2001-2005),
avec la participation de l'INRA à deux niveaux :
1) calage des paramètres de production d'espèces
lignocellulosiques et
2) évaluation environnementale des impacts de ces
filières en collaboration avec IFEU (Allemagne)
Contacts INRA : Ghislain GOSSE, tél : 03 22 85 75
04,
Ghislain.Gosse@mons.inra.fr ou Stéphane CADOUX,
Tél : 03 22 85 75 15,
Stephane.Cadoux@mons.inra.fr
NILE
: New Improvements for Lignicellulosic
Ethanol. L'objectif de NILE, coordonné par l'IFP,
est de développer des procédés optimaux de
production économique de bioéthanol propre à partir
de lignocellulose, en vue d'une utilisation dans les
moteurs à combustion. En réduisant les coûts de
production de bioéthanol à partir de biomasse
lignocellulosique et en rendant cette technologie
commercialement intéressante pour les Européens, le
projet NILE doit aider à lutter contre le changement
climatique, à développer un mode d'alimentation en
énergie durable, abordable et sûr pour l'Europe et à
promouvoir la croissance industrielle et le
développement rural.
Contact INRA : Marcel ASTHER -Tél. : 04 91 82 86 00,
marcel.asther@esil.univ-mrs.fr
http://www.nile-bioethanol.org/index.html
BIORENEW
: Ce projet (2006-2010) coordonné par le
Centro de Investigaciones Biológicas espagnol
regroupe 27 partenaires dont 12 industriels. Il
ouvre de toutes nouvelles perspectives d'application
dans le domaine de la chimie verte pour les
biomasses lignocellulosiques : nouveaux
agro-matériaux associant fibres cellulosiques et
textiles, nouvelles générations de surfactants et
d'adhésifs, nouveaux composites pour l'industrie du
bâtiment...Ce projet repose sur l'étude d'enzymes de
champignons lignolytiques.
Contact INRA : Marcel ASTHER, Tél. : 04 91 82 86 00,
marcel.asther@esil.univ-mrs.fr |
Pour en savoir plus...
La chimie verte
sous la direction de Paul Colonna,
2006 - Tec & Doc Lavoisier, Paris.
Constituants et composition
chimique
in : Le chanvre industriel - Sa culture et ses usages
Kurek, B.; Chabbert, B.; Bouloc P.
À paraître en 2006 - La France Agricole, Paris.
Industrial products from
lipids and proteins
in : Renewable Bioresources : Scope and Modification for
Non-food Applications
Verhé R., Mittelbach M., Mateo S., Eychenne V., De Caro P.,
Mouloungui Z., Stevens C.V..
Ed. by C.V. Stevens and R. Verhé. Ch.9 pp 208-250
2004 - John Wiley & Sons Ltd. |