Paris, France
December 2004
Source:
GNIS
A l’occasion de la transcription
dans la loi française de la directive européenne sur la
protection des inventions biotechnologiques, l’Assemblée
Nationale en séance plénière le 29 novembre a adopté à
l’unanimité, à l’exception du groupe communiste, le texte voté
en première lecture par le Sénat.
Rappelons que cette loi sécurise l’avenir des filières
semencières française et européenne en introduisant la notion
d’exception du sélectionneur. Celle-ci permet l’accès aux
variétés végétales qui comporteraient des éléments brevetés.
Les plantes en Europe relèvent aujourd’hui de deux droits de
propriété intellectuelle :
1 - Les variétés végétales sont exclues de la brevetabilité et
relèvent d’un droit particulier dit de la protection des
obtentions végétales.
Cette protection a notamment deux différences majeures par
rapport au brevet :
- elle permet, dans des conditions définies par les Etats, aux
agriculteurs de replanter les grains issus de leurs récoltes
d’une variété protégée. C’est ce que l’on appelle communément le
privilège de l’agriculteur.
- elle autorise l’utilisation d’une variété protégée à des fins
de création, de découverte et de développement de nouvelles
variétés. C’est ce que l’on appelle l’exception du
sélectionneur.
2 - Les plantes ou parties de plantes, autres que les variétés
végétales, ayant fait l’objet d’une invention biotechnologique
sont protégées par brevet.
Ainsi, une variété végétale protégée par un certificat
d’obtention végétale et comportant un gène breveté relèvera des
deux droits. Or si le législateur européen avait précisé que le
privilège de l’agriculteur s’exercerait dans les mêmes
conditions que pour les variétés classiques, il n’a pas
introduit l’exception du sélectionneur. Le droit européen des
brevets a bien introduit une exception de recherche,
traditionnelle en droit des brevets, mais celle-ci ne concerne
que les actes accomplis à titre expérimental sans aucune
finalité commerciale.
Les semenciers français et européens, comme le Gnis*, constatent
depuis 1998 que cette omission de l’exception du sélectionneur
bloque l’accès aux nouvelles ressources génétiques comportant
des éléments brevetés. Au fur et à mesure que les inventions
biotechnologiques se développeront les ressources génétiques
brevetées seront de plus en plus nombreuses.
Or cet accès est essentiel aux travaux de création variétale
(plus de 700 nouveautés par an) des entreprises de sélection.
La loi française, en réintroduisant explicitement l’exception de
sélection, donne tout son sens à l’équilibre nécessaire et
souhaité par l’Europe entre les brevets sur les inventions
biotechnologiques et l’accès aux ressources génétiques pour la
création des variétés nouvelles. Bien évidemment cet équilibre
signifie aussi qu’une nouvelle variété comprenant un gène déjà
breveté ne peut être exploitée sans licence du propriétaire du
brevet.
Cette loi est importante alors que plusieurs pays en Europe, en
particulier ceux ayant une filière semencière forte comme
l’Allemagne et les Pays Bas, sont engagés dans la même voie.
* Groupement national interprofessionnel des semences et plants |