August, 2006
Source:
CIRAD 2005 - Résultats de recherche
Le mil et le sorgho sont deux
céréales alimentaires majeures de la région sahélienne, où les
variétés présentent une grande diversité. Pourtant, ce capital
risque de s’appauvrir sous l’effet des changements sociaux et
environnementaux. Alors que peu d’études ont été menées à grande
échelle sur l’évolution génétique de ces espèces, le Cirad, avec
ses partenaires, récolte les premiers résultats d’un projet
financé par l’Ifb. L’objectif est d’évaluer les changements
intervenus dans la distribution spatiale et temporelle de la
diversité du mil et du sorgho au Niger entre 1976 et 2003, soit
en un quart de siècle environ.
Au Niger, la taille de la
population humaine et les surfaces cultivées ont été multipliées
par deux en 25 ans. L’exode rural est important. En outre, le
pays est exposé à un changement climatique avéré : l’isohyète de
400 mm est descendu de 200 km vers le sud à l’ouest du Niger, et
de 100 km à l’est. Les conditions semblent réunies pour
provoquer une érosion génétique des plantes. Qu’en est-il
réellement pour le mil et le sorgho ?
Pour répondre à cette question,
les chercheurs ont collecté, en 2003, des variétés de mil et de
sorgho cultivées dans 79 villages, répartis sur l’ensemble de la
zone de culture de ces céréales. En 1976, 609 échantillons de
mil et 742 échantillons de sorgho avaient été collectés dans ces
villages. Les diversités agromorphologique et génétique des
échantillons collectés en 1976 et en 2003 ont été comparées au
moyen d’essais au champ et de marqueurs moléculaires
microsatellites.
Les résultats montrent que la
diversité agromorphologique a peu évolué à l’échelle du Niger.
Néanmoins, des modifications sont apparues au sein de la
distribution géographique des variétés. Elles peuvent
s’expliquer par l’évolution des contraintes climatiques et
agronomiques, ou par l’émergence de nouveaux usages. De plus,
les enquêtes et les essais en champ montrent que les variétés de
mil cultivées en 2003, dans les zones du Niger les plus exposées
au risque climatique, sont en moyenne plus précoces que celles
cultivées dans les mêmes régions en 1976.
L’analyse par marqueurs
microsatellites révèle, quant à elle, aussi bien pour les
variétés de sorgho que de mil, une forte capacité de maintien de
la diversité génétique. Globalement, aucune érosion génétique
n’a été observée et les richesses alléliques des deux
prospections sont du même ordre.
Ces résultats mettent en évidence une forte capacité des mils et
des sorghos à maintenir leur diversité dans un pays comme le
Niger, objet d’épisodes récurrents et dramatiques de sécheresse.
Cette résistance à l’érosion génétique, entretenue par le
système semencier traditionnel, conforte l’intérêt de leur
culture. Ce type d’étude mériterait d’être réalisé dans d’autres
pays sahéliens comme le Mali ou le Burkina où l’évolution des
systèmes de production en liaison avec la concurrence du maïs et
du coton, plus importante qu’au Niger, peut mener à des
résultats différents.
Jacques Chantereau,
Upr Agrobiodiversité des plantes de savane
Monique Deu, Damien Herault, Umr Polymorphismes d’intérêt
agronomique
Fabrice Sagnard, Upr Gestion des ressources génétiques et
dynamiques sociales
département Cultures annuelles
Pour en savoir plus
Deu M., Rattunde F., Chantereau J., 2006. A global view of
genetic diversity in cultivated sorghums using a core
collection.
Genome 4 : 16 -180.
Bezançon G. et al., 2005. Evolution de la diversité des
mils et sorghos cultivés au Niger entre 1976 et 2003 : influence
des facteurs naturels et anthropiques. Biodiversité : science et
gouvernance, Paris, 24-28 janvier 2005. [Poster]
Luong V. et al., 2005. Change in genetic diversity and
pearl millet and sorghum landraces in Niger Over a 25 Years
Period. 13th Plant and animal genome conference, 14-19 janvier
2005, San Diego, Etats-Unis, abstract 401.
Partenaires
International
• Icrisat, Institut international de recherche sur les cultures
pour les tropiques semi-arides
France
• Ifb, Institut français de la biodiversité
• Ird, Institut de recherche pour le développement
• université Paris VI
Niger
• Inran, Institut national de recherche agronomique du Niger
• Uam, Université Abdou Moumouni de Niamey |