June 14, 2005
Isabelle
Chaillet -
ARVALIS - Institut du Végétal
Benoit CARROUEE - Union
Nationale Interprofessionelle des plantes riches en Protéines
(UNIP)
Grâce aux
investissements à long terme des sélectionneurs privés et au
soutien de l'interprofession et des pouvoirs publics, la
création variétale en protéagineux reste dynamique et se
diversifie.
POIS DE
PRINTEMPS : DES PROGRES DANS LA TENUE DE TIGE
En pois de printemps, depuis 2000, en moyenne, 10
nouvelles variétés sont inscrites chaque année. Par exemple, en
2004, 8 variétés de 8 sélectionneurs différents ont été
inscrites. En sélection en pois de printemps, outre
l'amélioration progressive du potentiel de rendement, on observe
des évolutions fortes sur 2 critères : une tendance à
l'amélioration de la tenue de tige et à la diminution du poids
des grains.
L'amélioration de la tenue de tige est décisive pour la culture
du pois. Récolter des pois très versés a été un frein au
développement de cette culture. Des variétés non versées
permettent de sécuriser la récolte en supprimant le risque de
monter de la terre ou des cailloux dans la moissonneuse
batteuse, et permettent d'envisager la culture du pois dans des
parcelles caillouteuses. En quelques années, on est passé de
quelque % à plus de 60 % des surfaces en multiplication avec des
variétés à bonne tenue de tige. (Tableau 1).
En 2004, la majorité des surfaces en multiplication sont
constituées de variétés dont le poids de 1000 grains est situé
entre 240 et 270 g, alors que les années précédentes, la
majorité se situait entre 270 et 300 g (Tableau 2). Cette
tendance est très intéressante car une baisse du poids de 1000
grains permet de diminuer le coût du poste semences, 30 g de
moins se traduit par une baisse de 10 % du poste semences.
POIS
D'HIVER : L' EFFORT DE SELECTION REDEMARRE
En pois d'hiver, l'appui financier de l'Unip et de l'Oniol, dans
le cadre du plan de relance 2001-2005, a permis de relancer la
sélection du pois d'hiver. On commence à en observer les
retombées. Ainsi, alors qu'aucune variété de
pois d'hiver n'avait été inscrite depuis 1997, 4 variétés ont
été inscrites fin 2004, de 3 sélectionneurs différents. Ces
variétés apportent une meilleure productivité combinée à une
amélioration de la résistance au froid ou à une amélioration
de la tenue de tige.
D'autres variétés sont actuellement étudiées au CTPS en vue
d'une inscription possible.
Les variétés de pois d'hiver actuelles ont comme atout d'avoir
des petits grains (180 à 200 g de poids de 1000 grains) et
d'être précoces (récolte 2 - 3 semaines avant le pois de
printemps). Mais elles doivent être semées tard, par exemple
début novembre au plus tôt en Centre Bassin Parisien, pour
pouvoir résister au gel et aux maladies. Pour palier à cette
contrainte de semis tardif, l'INRA réalise un travail important
sur de nouveaux types de pois d'hiver qui pourraient être semés
beaucoup plus tôt sans risque de gel. Les meilleures lignées
sont en cours de transfert auprès de 4 sélectionneurs privés qui
vont poursuivre la sélection dans le but d'inscrire des
variétés. Ce type de pois ne sera toutefois pas disponible avant
2008-2009.
FEVEROLE :
LE PROGRAMME SE STRUCTURE
En 2005, la féverole va sans doute dépasser le cap des 100 000
ha en France. A la fin des années 90, elle occupait moins de 20
000 ha et les programmes de sélection étaient alors descendus à
des niveaux très bas. Depuis 2000, les actions de l'Unip et
d'Arvalis, avec l'appui financier de l'ONIOL, a permis de
relancer 3 programmes de sélection français en féverole de
printemps. Outre l'amélioration du potentiel de
rendement, l'objectif était de convertir totalement les
pépinières en lignées à faible teneur en vicine - convicine, et
de créer des géniteurs de Fevita®, variétés à fleurs blanches et
faible teneur en vicine-convicine, ces dernières pouvant être
mieux valorisées en alimentation animale. Le fait d'avoir un
programme structuré en France pour la sélection de la féverole a
favorisé l'obtention de financements européens pour le programme
Eufaba, programme qui a également comme principal objectif la
résistance aux maladies et aux stress. Depuis 2002, en moyenne,
3 nouvelles variétés sont inscrites chaque année en France en
féverole de printemps, dont la première Fevita®.
LUPIN :
SELECTION RECENTE ET DYNAMIQUE
En lupin d'hiver, la sélection est récente, mais
dynamique : 6 variétés, encore un peu expérimentales, ont été
inscrites depuis 2001. A l'origine, les variétés de lupin
d'hiver étaient hautes, sensibles à la verse, non déterminées et
peu résistantes au froid. L'INRA a réalisé un important travail
de sélection sur cette culture au cours des années 90 et a
réussi à créer des géniteurs nains, résistants à la verse,
déterminés. Il reste à améliorer la résistance au froid, ce qui
pourra se faire à l'avenir, car il existe des ressources
génétiques à niveau élevé de résistance au froid. Les géniteurs
de l'INRA ont été transférés dernièrement au GIE Prolupin qui
poursuit le travail de sélection.
En lupin de
printemps, la sélection la plus dynamique se situe en Allemagne
essentiellement pour l'espèce lupin bleu, ou lupin à feuilles
étroites. Cette espèce a comme atout d'être précoce à maturité,
elle se récolte en même temps que le blé. Elle est bien adaptée
au quart Nord Est de la France, où l'on a obtenu des rendements
de 45 q/ha dans certains essais
Tableau 1
: Pois de printemps résistants à la verse : % des surfaces de
multiplication selon la hauteur moyenne à la récolte
Tableau 2
: Réduction du coût du poste semences en pois : % des surfaces
de multiplication selon le poids de 1000 grains
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