France
July 11, 2005Un an après
la suspension des deux seuls insecticides utilisables en
traitement de semences la situation de la protection des jeunes
cultures de maïs se dégrade. La recrudescence du parasitisme
n'est plus convenablement endiguée par les matières actives plus
anciennes qui sont les seules disponibles actuellement. Les
essais de plein champ d'ARVALIS
- Institut du végétal confirment ces observations et
montrent également les résultats prometteurs de nouvelles
familles de produits en test de pré homologation, formulées
entre autre en enrobage de semences.
« J'ai l'impression d'être
revenu 10 ans en arrière » explique Pierre Dartau, agriculteur à
Viven dans les Pyrénées Atlantiques, « je perds des plantes de
maïs sans rien pouvoir y faire, comment dois je m'y prendre ? »
Ces interrogations sont partagées par de nombreux agriculteurs
qui constatent que les dégâts de ravageurs sont plus importants
cette année alors que les solutions de protection des cultures
étaient plus limitées que les années passées. Cette situation
avait été prévue par les experts d'ARVALIS - Institut du végétal
dès 2004, connaissant bien les efficacités relatives des
différents modes de lutte chimique. Comme le souligne Jean Paul
Renoux, responsable des programmes maïs chez ARVALIS - Institut
du végétal « les produits de traitements de semence disponibles
depuis le milieu des années 1990 avaient une meilleure
efficacité que les familles de produit plus anciennes, et sur
plus de ravageurs. »
UN OBSERVATOIRE DE
BIOVIGILANCE POUR SUIVRE L'EVOLUTION DES POPULATIONS DE
RAVAGEURS
Dans ce contexte et en raison de la suspension de tous les
traitements de semences insecticides sur cultures d'été, hormis
la betterave, les Services Régionaux de la Protection des
Végétaux ont décidé la mise en place d'un réseau pérenne
d'environ 400 parcelles sur les régions Aquitaine,
Midi-Pyrénées, Languedoc Roussillon, Poitou-Charentes et autres
régions pilotes dont Bretagne, Alsace et Lorraine dès le
printemps 2005 pour l'ensemble des cultures d'été.
Les objectifs principaux de cet observatoire sont de:
- Suivre l'importance des
dégâts des différents ravageurs souterrains dans des
parcelles identifiées, leur évolution et préciser les
espèces en cause ;
- Etablir le lien avec les
paramètres agronomiques, climatiques et environnementaux de
la parcelle ;
- Caractériser les
principaux facteurs de risque en cause, relier aux éléments
de biologie connus.
Le choix des parcelles est fait
de façon à être représentatif de la diversité des milieux
recevant ces cultures et des pratiques culturales mises en
oeuvre (rotation, travail du sol et gestion des résidus). Une
partie du réseau portera sur des parcelles où des dégâts
probables des deux principaux insectes du sol devraient être
observés (parcelles à scutigérelles et parcelles à taupins).
L'observatoire a également pour
objet de suivre, sur le même site, l'évolution des dégâts au
cours de la rotation, pendant plusieurs années. Les sites
susceptibles de faire l'objet d'attaque importante de taupins
feront l'objet d'un piégeage d'adultes, pour identifier les
espèces.
Une information régulière des évolutions des populations de
ravageurs souterrains sera dispensée par les organismes
officiels.
Les premières observations de 2005 confirment la tendance
observée en 2004 : une progression continue des principaux
parasites connus du maïs (taupins, etc.), mais aussi le
développement de nombreux parasites secondaires jusqu'ici
maîtrisés par les traitements de semences (mouches des semis,
pucerons, cicadelles) et surtout le retour de parasites «
oubliés » (scutigerelles, hannetons)
ESSAIS 2005 : LES
MATIERES ACTIVES ANCIENNES EN TRES NETTE PERTE D'EFFICACITE
L'essai d'ARVALIS - Institut du végétal situé dans les
Pyrénées Atlantiques à Larreule montre une énorme pression de
larves de taupins lorsque le maïs n'est pas traité ( 60% de
plantes mortes !).
Les carbamates ont une efficacité variable selon la solubilité
des produits employés et n'enrayent pas les attaques sur 20 à
40 % des plantes. Le Dotan, un organophosphoré qui bénéficie
d'une dérogation d'usage temporaire dans sept départements (32,
40, 47, 63, 64, 65, 82) se comporte bien et donne des résultats
voisins de ceux des produits en test de pré homologation
traitement pyréthrinoïde liquide ou en microgranulés et
traitement de semences (- de 5% de plantes mortes). Gageons que
les nouveaux produits en test qui sont déjà autorisés dans de
nombreux autres pays, y compris en Europe, obtiendront une
homologation et une autorisation de mise en marché dans les
meilleurs délais car ils présentent un grand intérêt pour les
maïsisculteurs. |