Le pilotage de la
fertilisation des cultures constitue un facteur essentiel du
rendement et de la qualité des récoltes, mais il permet
aussi de limiter les pollutions de l’environnement, par les
nitrates ou les pertes gazeuses. Les outils logiciels de
pilotage de la fertilisation disponibles jusqu’ici n’ont été
conçus que pour éviter tout risque de carence ou d’apports
excédentaires. Le logiciel Azodyn, mis au point par les
unités d’Agronomie de l’INRA à Grignon et Laon (*) constitue
une avancée significative. Il permet de raisonner la
fertilisation azotée en tenant compte d’objectifs de
production, mais également de qualité, de rentabilité
économique et de réduction des pertes d’azote vers
l’environnement. Il s’appuie sur les travaux menés à l’INRA
depuis les années 80 qui ont montré qu'une bonne rentabilité
économique peut être obtenue en tolérant des périodes de
carence azotée au cours du cycle. Azodyn recevra le trophée
d’or du concours de l’Internet Agricole (**) mardi 1er mars
au Salon International de l'Agriculture (à 16h, plateau de
l'info, Hall 3).
Azodyn est
capable de prédire, à l’échelle de la parcelle, les
conséquences de différentes modalités de fertilisation
azotée sur la production et la teneur en protéines du blé
d’hiver. Azodyn est un modèle dynamique composé de 2 sous
modèles (plante et sol) simulant le système sol/plante
depuis la sortie hiver jusqu’à la maturité. Le modèle simule
à pas de temps journalier l’accumulation de biomasse et
d’azote dans la plante, puis dans les grains. Il prévoit la
dynamique de fourniture d’azote par le sol, les périodes de
carence et leur incidence sur le rendement du blé et la
teneur en protéines des grains. Cette simulation est basée
sur la comparaison de la demande en azote de la plante et de
l’offre du milieu tout au long du cycle cultural.
Cet outil a été testé sur un nombre relativement important
de situations agronomiques. L’évaluation de sa qualité
prédictive est comparable à celle d’autres modèles de
culture. De plus, il est moins gourmand en variable d’entrée
et contient peu de paramètres à estimer selon la variété
utilisée. Sa qualité décisionnelle pour identifier les
meilleures stratégies de fertilisation azotée a été testée
avec succès pour gérer la fertilisation azotée en
agriculture biologique. Des tests équivalents sont en cours
pour identifier les bonnes stratégies de fertilisation
azotée en culture conventionnelle. Enfin, son adaptation à
la culture de colza est en cours. Il peut a priori être
utilisé par les conseillers agricoles, les agents de
développement, éventuellement les agriculteurs eux-mêmes,
tous ceux qui cherchent une aide au raisonnement de la
fertilisation azotée de leurs cultures de blé (et bientôt de
colza).
(*) Le modèle
de base a été construit par l’unité d’agronomie INRA – INA
P-G de Grignon (Marie-Hélène Jeuffroy) et l’unité
d’agronomie de Laon (Sylvie Recous). Ensuite, son
amélioration et sa validation comme outil d’aide à la
décision ont mobilisé d’autres participants, principalement
Christophe David (ISARA) sur les aspects biologiques et
Muriel Morison (pour l’adaptation au colza). Les principaux
partenaires impliqués dans l’outil sont le CETIOM,
Agrotransfert Poitou-Charentes et la Chambre d’agriculture
de Côte d’Or. Arvalis-Institut-du-végétal a également
participé à la validation de l’outil.
(**)
http://www.terre-net.fr/actus/actus_detail.asp?id=44326&periode=