Montpellier, France
August 25, 2005Depuis
plus de dix ans, le Cirad développe
dans les pays du sud une pratique culturale dite semis direct
sur couverture végétale. La semence est placée directement
dans le sol qui n'est pas travaillé. Seul un petit sillon ou un
trou est ouvert, de profondeur et largeur suffisantes, avec des
outils spécialement conçus à cet effet. La couverture morte ou
vivante, de pailles, herbes et résidus de cultures, sert de
protection et maintient l'humidité nécessaire aux semis.
Le principe du semis direct
était déjà utilisé par les agriculteurs de l'Égypte ancienne et
les Incas dans les Andes d'Amérique du Sud. Ils se servaient
d'un bâton pour faire un simple trou dans le sol où la graine
était placée à la main et recouverte au pied. Dans l'agriculture
moderne des pays du Nord, c'est aux États-Unis que les premières
tentatives de semis direct sans aucune préparation du sol ont vu
le jour, dès la fin des années 1940, en réaction à l'érosion
éolienne catastrophique des grandes plaines : le "Dust Bowl".
Plus récemment, au début des
années 1990, la nouvelle et la plus importante expansion du
semis direct s'est faite dans les cerrados (savanes) du Brésil.
Lucien Séguy et Serge Bouzinac (unité propre de recherches
Couverts permanents du Cirad) ont participé aux travaux de
recherches et essais menés dans cette région. En Amérique
Latine, à ce jour, les surfaces occupées par ces techniques
durables et favorisant la biodiversité, dépassent les 16
millions d'hectares. Sur le continent africain, au Mali et à
Madagascar, le semis direct sur couverture végétale permanente
(Scv) est utilisé sur les nombreuses plantations familiales
pour résister à la sécheresse comme aux inondations.
En France, des agriculteurs
céréaliers d'Indre et Loire pratiquent avec succès le semis
direct depuis plus de vingt ans, dans les plaines inondables,
pour le maïs ou sur les plateaux arides de la région, pour le
blé, colza et sorgho. En lien avec les chercheurs du Cirad et
l'Institut d'Economie rurale malien, l'association Afdi Touraine
(Agriculteurs français et développement international)
intervient au Sud-Mali, sur les zones cotonnières menacées par
l'érosion et la sécheresse, pour former les agriculteurs au
semis direct et à l'utilisation de nouveaux semoirs motorisés.
Des ateliers sont régulièrement
organisés sur le territoire français. Le dernier en date aura
lieu à Reignac-sur-Indre (37), le mercredi 31 août pour la 7è
année consécutive. Des scientifiques internationaux dont
l'équipe de l'Upr Couverts permanents du Cirad, présenteront les
expériences conduites dans diverses régions du monde où 70
millions d'hectares sont concernés par le semis direct et les
pratiques agroécologiques. |