France
April 19, 2005
Développer de nouveaux produits à
base de blé est une préoccupation des professionnels de la
filière blé dur en Languedoc Roussillon. Un programme de travail
établi entre l’INRA et les
coopératives agricoles de cette région a été initié en 1994 dans
le cadre du Contrat de plan Etat-Région. Il a conduit l’INRA et
3 coopératives (Audecoop, Groupe Coopératif Occitan et Sud
Céréales) à lancer un programme de recherche et de développement
visant à fabriquer un nouvel aliment à base de blé dur vert. Les
chercheurs de l’INRA de Montpellier ont travaillé sur les
aspects technologiques de la transformation du grain, ainsi que
sur la conservation de la qualité nutritionnelle. Après 7 années
de recherche et de développement, le produit arrive aujourd’hui
sur notre table, sous la marque commerciale Grinn’s® : un blé
vert entier, conditionné en sachets souples et microondables,
qui cumule les avantages d’une céréale et d’un légume vert.
Récolter le grain vert et intact
La mise au point d'une technique
de récolte mécanisée et l'extraction du grain de l'épi
représentaient deux des principales difficultés identifiées au
début du projet. Une étude en collaboration avec
Arvalis-Institut du végétal a conduit à la mise au point d'un
système de récolte adapté qui permet de récolter la quasi
totalité des grains verts. A ce stade, les grains entiers sont
en grande partie vêtus par leurs glumes et glumelles. Un procédé
de nettoyage a été développé pour extraire de l'épi les grains
immatures tout en préservant leur intégrité physique. La
possibilité de réaliser cette extraction sans passer par une
opération de dessiccation a permis d'envisager, à partir de
grains de blés récoltés avant maturité, le développement de
produits de type légume analogue au maïs doux.
Garder le
grain vert
La mise au point de ce produit a
nécessité la résolution de problèmes spécifiques. Concernant la
texture du produit, les chercheurs sont parvenus à la concilier
avec la présence d'enveloppes naturellement présentes dans les
grains entiers. Il fallait également chercher à conserver la
coloration verte des grains, ou encore empêcher l'apparition de
flaveurs désagréables dues à des activités enzymatiques. Par
ailleurs, les chercheurs ont défini l'influence de la nature du
blé à mettre en œuvre (blé dur). Ils ont précisé l'influence
d'autres facteurs tels que la variété, les conditions de récolte
et en particulier la teneur en eau des grains. Ces travaux ont
abouti à la mise au point progressive d'une maquette de produit
à l'échelle pilote de laboratoire, dont l'évaluation par des
essais consommateurs ont révélé un important potentiel
d'innovation. La société Epigrain a été créée par les
coopératives ; elle est dédiée à la fabrication et à la
commercialisation du produit. Un brevet sur le couplage
produit-procédé a été déposé en décembre 2003, et un accord
d'exploitation signé avec la filiale INRA-Transfert.
Le passage de la maquette de
laboratoire à l'échelle industrielle a été poursuivi pour
préciser les conditions de récolte, de transport et de stockage
des produits pour éviter leur altération avant d'être
transformés en aliment. Des essais de transformation sur ligne
industrielle ont été réalisés pour préciser les conditions de
changement d'échelle pour le conditionnement des produits finis.
La qualité
nutritionnelle du blé vert
Les qualités nutritives du produit
ont été caractérisées par les chercheurs de l'INRA de
Clermont-Ferrand. Comme les légumes, le grain de blé vert est
riche en potassium, en magnésium et contient des vitamines B. A
ce stade, il contient également moins d'acide phytique, un
composé qui rend les minéraux moins assimilables dans les grains
matures. Consommer le blé lorsqu'il est encore riche de
chlorophylle permet de bénéficier de la totalité des
micronutriments du grain alors qu'une large majorité de ces
éléments essentiels sont perdus dans les farines blanches ou les
semoules. Le blé dur utilisé dans ce produit est plus riche en
protéines, en vitamines et minéraux que le blé tendre couramment
utilisé en panification. |