France
April 19, 2005
De nombreux travaux de recherche
récents dans le monde ont concerné le rôle de microconstituants
(composés présents en faible quantité par opposition aux
macroconstituants tels que les sucres) dans la prévention de
maladies comme le cancer et les maladies cardiovasculaires. Ces
microconstituants, comme les caroténoïdes (dont le ß-carotène ou
le lycopène), les vitamines C et E, ont un rôle antioxydant et
sont surtout présents dans les fruits et légumes. Pour en
contrôler la teneur dans des fruits d’une variété donnée, il est
nécessaire de connaître les effets des principaux facteurs
environnementaux, dont la lumière et la température. Des
chercheurs de l’INRA d’Avignon
étudient l’influence de ces facteurs sur la teneur en
antioxydants (caroténoïdes, vitamine C) de la tomate. Les
résultats soulignent l’importance des conditions de maturation
et de conservation des fruits sur leur composition finale en
microconstituants et donc potentiellement sur la qualité
nutritionnelle des tomates.
L'étude a
porté sur l'influence de la lumière et de la température dans 3
situations : les fruits mûris sur pied, les fruits cueillis
verts et mis à mûrir, et la conservation des fruits.
La
maturation des fruits sur pied
Des filtres
photosélectifs sont placés sur la plante autour des fruits afin
de déterminer l'influence de modification de la température et
du rayonnement sur les teneurs en antioxydants du fruit. Les
premiers résultats confirment que la teneur en lycopène des
tomates augmente avec le rayonnement reçu par le fruit au cours
de sa maturation jusqu'à une limite au-delà de laquelle
l'accumulation de lycopène est réduite, probablement en réponse
à une forte température du fruit. Les travaux actuels visent à
préciser ces seuils de réponse ainsi que les stades de
sensibilité à l'environnement, ce qui permettra à moyen terme de
modéliser les teneurs en lycopène et vitamine C du fruit.
Plus de
lycopène et plus de vitamine C dans les fruits mûris à la
lumière
Des analyses
ont été réalisées sur des tomates cerises récoltées au stade
vert mature et mis à mûrir dans différentes conditions : 18°C,
25°C, ou 32°C, avec ou sans lumière.
L'augmentation de la température de 18°C à 25°C permet d'obtenir
une maturation plus rapide caractérisée par l'apparition de la
coloration externe rouge du fruit plus rapidement.
Les fruits ayant mûri à la lumière contiennent plus de lycopène
et plus de vitamine C (augmentation de 15 à 20%) à 18°C ou 25°C.
Par contre, la teneur en lycopène est significativement réduite
à 32°C.
Le ß-carotène est lui moins sensible aux variations de
température : sa synthèse est stimulée en présence de lumière
mais elle n'est pas inhibée lorsque les fruits mûrissent à 32°C.
Des analyses sont en cours afin de préciser à quel niveau de la
voie de biosynthèse du lycopène, la température et le
rayonnement interviennent.
La
conservation à 4°C inhibe la synthèse de lycopène
Des travaux
ont été menés pour mesurer l'influence des conditions de
conservation à 4 ou 12°C pendant 15 jours des tomates cueillies
au stade orange ou rouge sur l'évolution de leur composition.
La conservation des tomates cueillies au stade orange, à 4°C ou
12°C ne permet pas au fruit d'atteindre la teneur maximale en
vitamine C qu'ont les fruits rouges restés sur la plante. Par
contre, la conservation de fruits récoltés au stade orange à
12°C leur permet d'atteindre une coloration rouge et une teneur
en lycopène proches de celles obtenues sur des fruits récoltés
au stade mature (rouge). La synthèse de lycopène et l'apparition
de la coloration externe rouge sont inhibées à 4°C.
La synthèse de vitamine C sur des fruits matures (rouges) n'est
pas réduite par la conservation à 4°C. Les tomates rouges ont
une teneur en vitamine C qui augmente légèrement pendant la
première semaine de conservation et se stabilise pendant la
seconde semaine de conservation.
La synthèse de lycopène des fruits rouges continue lorsque le
fruit est conservé à 12°C alors qu'elle est inhibée pour les
fruits conservés à 4°C.
La
conservation à 12°C des tomates cueillies au stade orange ou
rouge est donc préférable pour prolonger la synthèse du
lycopène, qui est inhibée lors de la conservation à 4°C. Ces
travaux couplés à ceux menés en collaboration avec le Ctifl
(Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes)
montrent également que les récoltes précoces de fruits au stade
vert ou orange sont néfastes à la qualité finale des produits
(teneurs en microconstituants, arômes, qualité organoleptique). |