July 20, 2004
Since its discovery by the
botanist Emil Heitz in 1928, heterochromatin has been the
subject of intense investigation, especially in relation to its
effect on the expression of nearby genes. Heterochromatin was
originally defined under the microscope as the parts of
chromosomes which appear tightly packed.
Over 50 years ago, Barbara
McClintock proposed, based on genetic and cytogenetic
observations in maize, that invisible or "less conspicuous"
heterochromatin would be found scattered around the genome,
where it served as "controlling elements" for genes.
While controlling elements (now
called transposable elements) have since been recognized as
widespread components of all genomes, McClintock's view of
heterochromatin (sometimes known as "junk DNA") and gene
regulation remained controversial.
A paper published this week in
Nature reports that,
once more, the late Nobel laureate was well ahead of her time.
Using a combination of genetic and genomic approaches,
Rob Martienssen (Cold
Spring Harbor Laboratory, New York) and
Vincent Colot (Unité
de Recherche en Génomique Végétale, Evry, France), in
collaboration with their colleagues W. Richard McCombie (Cold
Spring Harbor Laboratory) and Rebecca Doerge (Purdue
University), have shown that transposable elements define
heterochromatin whether visible under the microscope or not.
Furthermore, although the study reveals that genes are
frequently insulated from the effects transposable elements, it
also demonstrates that such elements can control gene expression
when inserted within or very near genes. This form of regulation
is known as "epigenetic" because it has the unusual property of
being remembered during development, and even from generation to
generation.
Biochemically, epigenetic gene regulation can be programmed by
small interfering RNA, as well as by a second "code" of histone
protein and DNA modifications. Evidence is presented that
imprinted genes, whose expression depends on inheritance from
the maternal or paternal genome, may be programmed in this way
not only in plants but in a variety of organisms, including
mammals. Among the results of the study was the finding that the
imprinted Arabidopsis FWA gene, which delays flowering
when expressed, is under transposable element control./color>
Quand l’ADN « poubelle » se mêle
de la régulation de l’expression des gènes
La chromatine,
assemblage d’ADN et de protéines qui compose les chromosomes,
est constituée de l’euchromatine, diffuse, qui contient
l’essentiel des gènes « actifs », et de l’hétérochromatine,
compacte, riche en séquences répétées, capables pour certaines
de se déplacer au sein du génome. Ces séquences sont souvent
appelées ADN « poubelle » en raison de l’absence de fonction
évidente. Dans la revue Nature du 22 juillet 2004, les
équipes de Rob Martienssen (Laboratoire de Cold Spring Harbor,
Etats-Unis) et de Vincent Colot (Unité de
Recherche en Génomique Végétale
INRA/CNRS/UEVE, Genopole® d’Evry), en collaboration avec
d’autres chercheurs, montrent sans ambiguïté que les éléments
mobiles et autres séquences répétées du génome sont à l’origine
de l’hétérochromatine et qu’ils peuvent contrôler l’expression
des gènes. C’est une étape importante dans la compréhension de
la fonction de séquences qui représentent plus de 50 % des
génomes de nombreuses plantes
cultivées et du génome humain.
Depuis sa découverte par Emil Heitz en 1928, l’hétérochromatine
a été l’objet de
nombreuses
recherches, en particulier concernant son effet éventuel sur le
contrôle de l’expression des gènes situés à proximité. D’abord
identifiée par l’observation au microscope comme la partie des
chromosomes qui reste fortement condensée tout au long du cycle
de division des cellules, l’hétérochromatine a été depuis
caractérisée par les protéines qui lui sont associées et par des
modifications chimiques de l’ADN et des protéines.
Il y a plus de
50 ans, Barbara McClintock avait proposé que l’hétérochromatine
devait exister dans le noyau non pas sous sa seule forme visible
au microscope, mais également sous une forme « invisible » ou «
cryptique », dispersée dans le génome, et jouant un rôle d’«
élément contrôleur » de l’expression des gènes. De tels «
éléments contrôleurs », dont B. McClintock avait montré qu’ils
étaient mobiles, ont depuis été identifiés comme des composants
largement répandus du génome. Ce sont les fameux « éléments
transposables » qui lui ont
valu
le prix Nobel de médecine en 1983. Sa théorie de
l’hétérochromatine et du contrôle de
l’expression
des gènes est cependant restée controversée jusqu’à ce jour.
Grâce à la
combinaison d’approches génomiques et génétiques chez la plante
modèle
Arabidopsis,
les groupes de Vincent Colot et de Rob Martienssen montrent que
les éléments transposables sont des déterminants majeurs de la
formation de l’hétérochromatine, qu’elle soit ou non visible au
microscope. Ils montrent également que certains gènes sont
placés sous le contrôle des éléments transposables, comme prédit
par B. McClintock. Cette situation semble se produire chaque
fois qu’un tel élément est inséré dans le gène ou à proximité
immédiate. Ce contrôle est dit « épigénétique » car il conduit à
l’activation ou l’inactivation stable mais réversible des gènes
au cours des divisions cellulaires, voire d’une génération à
l’autre.
Comme le
soulignent les auteurs, le contrôle des gènes par les éléments
transposables pourrait expliquer le phénomène d’empreinte
parentale, qui fait que chez les mammifères et les plantes,
certains gènes vont s'exprimer de façon différente selon qu'ils
sont transmis par le père ou par la mère. Selon Vincent Colot :
« Ces résultats pourraient aussi nous
informer
sur l’origine
de certains cancers, qui seraient déclenchés non par des
mutations de la séquence de l’ADN, mais plutôt par des
altérations de la chromatine touchant les éléments transposables
».
Référence:
Role of
transposable elements in heterochromatin and epigenetic control
Zachary Lippman (1), Anne-Valérie Gendrel (2), Michael Black
(3), Matthew W. Vaughn (1), Neilay Dedhia (1), W. Richard
McCombie (1), Kimberly Lavine (1), Vivek Mittal (1), Bruce May
(1), Kristin D. Kasschau (4), James C. Carrington (4), Rebecca
W. Doerge (3), Vincent Colot (2) & Rob Martienssen (1)
Nature, 22 juillet 2004.
(1) Watson School of Biological Sciences and Cold Spring Harbor
Laboratory, Cold Spring Harbor, New York 11724, USA
(2) Unité de Recherche en Génomique Végétale
(URGV), INRA/CNRS/UEVE, 2 Rue
Gaston
Cremieux, 91057 Evry Cedex, France
(3) Department of Statistics, Purdue University,West Lafayette,
Indiana 47907, USA
(4) Center for Gene Research and Biotechnology, Oregon State
University, Corvallis, Oregon 97330, USA |