Brussels, Belgium
April 24, 2003
Discours de Philippe Busquin, Commissaire
européen chargé de la Recherche
Les résultats de la recherche applicables à la coexistence des
cultures génétiquement modifiées et non modifiées
Table Ronde sur les résultats de la recherche applicable à la
coexistence des cultures génétiquement modifiées et non
modifiées
Mesdames et messieurs,
C'est avec grand plaisir que mon collègue Franz Fischler et
moi-même vous accueillons si nombreux à cette table ronde sur
les résultats de la recherche concernant la coexistence des
cultures OGM et non-OGM.
Je suis très heureux que cette réunion ait soulevé un tel
intérêt et ait attiré autant de participants. Je constate avec
plaisir la présence de plusieurs membres du Parlement européen.
Quand j'ai établi la première de ces tables rondes sur les OGM
en octobre 2001, mon intention était de rehausser la voix de la
science dans le débat sur les OGM.
J'ai voulu veiller à ce que nos politiques et les pratiques dans
ce secteur soient basées sur la meilleure expertise scientifique
disponible.
Je suis le premier à reconnaître que d'autres questions entrent
en ligne de compte, telles que les préoccupations sociales et
éthiques. Mais ces questions-là, aussi légitimes qu'elles
soient, ne peuvent pas et ne doivent pas escamoter la science et
l'expertise scientifique.
En plus, en tant que Commissaire en charge de la recherche, je
considère qu'il est très important que les résultats de la
recherche financée par la Communauté soient accessibles au plus
grand nombre.
La science doit se discuter avec le public. C'est pourquoi je
considère aussi cette table ronde comme un exercice en science
et société. Un des objectifs de la série des tables rondes que
nous organisons sur la recherche en OGM est d'offrir un forum
aux scientifiques pour dialoguer avec d'autres acteurs
intéressés tels qu'agriculteurs, consommateurs, administrations
nationales, media etc.
Qu'il me soit permis de préciser ce qui n'entre pas dans le
propos de cette réunion. Elle ne concerne pas les avantages et
les inconvénients des différentes méthodes de production.
La réunion sera vidée de son sens si elle se transforme en un
forum pour débattre du
bien-fondé ou des risques de l'agriculture OGM et de
l'agriculture non-OGM. Mais nous aurons
abouti si nous nous concentrons sur les stratégies à mettre en
œuvre pour gérer la
coexistence, qui préservera le libre choix que les agriculteurs
et les consommateurs européens
exigent.
En envisageant l'introduction éventuelle dans l'agriculture
européenne de cultures
génétiquement modifiées, nous reconnaissons qu'elles doivent
coexister avec d'autres
systèmes de production comprenant l'agriculture conventionnelle
et l'agriculture biologique. La
possibilité de maintenir les différents systèmes de production
est essentielle pour garantir que
l'agriculture reste toujours à même de fournir au consommateur
une réelle capacité de choix.
J'espère que cette table ronde pourra contribuer à garantir que
les mesures quelles qu'elles
soient - qui pourraient être mises au point pour faciliter la
coexistence soient fondées sur une
science indiscutable.
Nous avons donc invité des experts dans les domaines pertinents
pour qu'ils nous rapportent
l'état des connaissances susceptibles de soutenir notre
compréhension de la circulation des
gènes et des autres flux de matériaux génétiques, entre les
cultures OGM et non-OGM.
Dès qu'il y a des lacunes dans nos connaissances, ou des
incertitudes dans notre
compréhension, c'est là qu'un financement de la recherche se
justifie que ce soit dans le cadre
du 6ème programme-cadre de recherche ou par une meilleure
coordination avec les recherches
financées au plan national.
Nos deux orateurs qui ouvrent la séance de ce matin vous
présenteront les défis auxquels
nous avons à faire face.
Il est important de comprendre l'historique et le contexte dans
lesquels les décisions
politiques doivent être prises. Une constatation clé qui
s'impose au regard du chercheur réside
désormais dans cette observation: il est impossible de
comprendre et de quantifier
correctement la coexistence, s'il n'y a pas référence exclusive
à un certain type de culture.
Nous avons donc décidé de disposer de deux groupes d'experts,
qui étudieront deux cultures
l'une et l'autre approuvées pour la dissémination
environnementale. Elles sont toutes deux
candidates pour une extension à plus grande échelle dans l'UE au
cours de la décennie à
venir.
Nous n'aborderons donc pas les risques environnementaux
éventuels. Il s'agit de nous
concentrer sur les risques économiques infligés à d'autres
formes d'agriculture.
Ce matin le groupe abordera le cas du maïs pour lequel nous
avons une expérience
européenne. Les maïs OGM et non-OGM coexistent déjà en Espagne.
Cet après-midi, un autre
groupe examinera le colza oléagineux. Ces cultures sont très
différentes dans leurs
caractéristiques biologiques et, en conséquence, présentent des
défis très différents quant à
leur coexistence avec les cultures non-OGM.
Nous avons demandé aux groupes d'experts de nous dire ce qu'ils
savent de l'ampleur et des
conséquences du flux des gènes et de celui des matériaux
(semences, pollen, racines, résidus
de culture, etc.) entre ces cultures OGM et non-OGM.
D'autres membres du groupe décriront ensuite quelles mesures
pratiques peuvent être prises,
s'il y a lieu, pour faciliter la coexistence de l'agriculture
OGM et non-OGM.
Les participants, y compris les membres du Parlement et les
journalistes présents, auront alors
amplement le temps de poser leurs questions et d'exposer leurs
inquiétudes. Les discussions
avec les groupes d'experts seront sous la présidence éclairée de
M. Bloc, de France, le matin
et de M. Gray du Royaume-Uni cet après-midi.
La table ronde sera clôturée en fin de journée sous la
présidence d'un membre éminent de
notre Comité scientifique pour les plantes, le Professeur
Schiemann, d'Allemagne.
En résumé, ce que nous attendons de cette réunion d'aujourd'hui
est :
Un aperçu de ce que la science peut nous dire aujourd'hui sur la
coexistence et sur des mesures à
prendre pour assurer cette coexistence. Quelles réponses
y-a-t-il et quelles sont les questions ouvertes ?
Les ministres de l'Agriculture ont demandé d'être informé sur
les résultats de cette table ronde à la
prochaine réunion du Conseil Agriculture.
En fonction des résultats de la table ronde, la Commission
décidera sur d'autres initiatives éventuelles :
d'autres réunions, des recherches à soutenir ou des mesures à
proposer.
M. Fischler pourra vous dire un peu plus sur les intentions de
la Commission.
Avant de lui donner la parole, j'aimerais attirer votre
attention sur un point. Je crois que tout le
monde conviendra qu'il est crucial pour l'Europe de pouvoir
disposer de l'expertise scientifique
pertinente et de capacité de recherche et de développement dans
le domaine des OGMs.
Or, je constate que notre capacité de recherche dans ce domaine
s'effrite très vite, pour
plusieurs raisons qui vous sont connus, notamment le moratoire
sur l'autorisation de
nouveaux produits OGMs et le manque de débouchés commerciaux en
Europe sur le court et
moyen terme.
Mais une raison importante qui amène les centres de recherche,
publics aussi bien que privés,
à quitter l'Europe est le climat hostile vis-à-vis de ces
recherches. En tant que Commissaire
européen à la Recherche, je suis indigné par le vandalisme
gratuit et impuni contre des
champs de recherche qui respectent les normes de sécurité et les
procédures d'autorisation.
Si cela continue, nous risquons de perdre non seulement notre
savoir-faire dans un domaine
scientifique clé pour l'avenir, mais aussi notre propre
expertise scientifique pour informer nos
choix politiques.
Je vous souhaite beaucoup de succès lors de cette table ronde et
je passe maintenant la
parole à mon collègue, le Commissaire Fischler.
Speach by Dr. Franz Fischler,
Member of the European Commission responsible for Agriculture,
Rural Development and Fisheries
Ladies and Gentlemen,
It is a pleasure for me to open, together with Commissioner
Busquin, this Roundtable on the
co-existence of genetically modified crops with conventional and
organic production. Given the
significance and sensitivity of this topic, we regarded it as
very important to invite a wide range
of stakeholders to participate in today's debate.
Farmers and consumers alike are concerned about the freedom of
choice of different
agricultural production systems. In my understanding,
co-existence means that no form of
agriculture, GMO or non-GMO, should be excluded in the EU in the
future. Similarly, it is also
linked to consumer choice. Only if farmers are able to produce
the different types of crops in a
sustainable way, will consumers have a real choice.
In its Strategy on "Life Sciences and Biotechnology", the
European Union committed itself..
"Take the initiative to develop, in partnership with Member
States, farmers and other private
operators, research and pilot projects to clarify the need and
possible options, for agronomic
and other measures to ensure the viability of conventional and
organic farming and their
sustainable co-existence with genetically modified crops".
It underlines the importance of working with you the
stakeholders -, and it underlines the
importance of research results and the necessity of basing any
approach to co-existence on
the best available information as regards appropriate farm
management measures. By
research results I mean not only scientific data in the narrow
sense relating, for instance, to
the sources and probabilities of gene flow. I also refer to the
technical and agronomic
possibilities and the cost of implementing farm management
measures, where necessary, for
keeping the admixture of GM and non-GM crops below certain
threshold levels. After all, what
interests us most are practical measures to ensure co-existence,
and we want to achieve this in
an efficient and cost-effective way. At the end of the day,
cost-benefit considerations will play
an important role in the introduction of GMOs in European
agriculture.
Today's Roundtable debate will focus on the farm sector
including seed production, because
farmers are the first in line to manage the introduction of GMOs
for food and feed production
in the EU.
Let me remind you that only authorised GM crops, which have been
found safe for human or
animal health and the environment, may be cultivated in the EU.
Therefore, the issue of
co-existence relates only and exclusively to the potential
economic consequences resulting from
the adventitious mixture between GM and non-GM crops. Risks to
the environment or health
have to be addressed in the GMO authorisation process.
With economic consequences I mean the potential economic loss
that conventional or organic
farmers could incur if they have to sell their crops at a lower
price because of adventitious
presence of GMOs above the authorised threshold level.
But we should not forget that co-existence works both ways. If a
GM crop has specific qualities,
admixture with non-GM crops could have economic consequences for
the GMO farmer.
Ensuring the co-existence of different production systems is not
a new issue in agriculture.
Farmers have a long experience of applying segregation
techniques in seed production in order
to maintain the purity of seeds of different crop varieties.
Another example concerns crops
where varieties grown for human consumption must not be mixed
with varieties that are grown
for industrial purposes, such as in the case of erucic acid
rapeseed oil.
However, each case has its own particularities and while we can
learn from the successful
experience of maintaining purity standards in seed production,
the introduction of GMOs in
agriculture creates new challenges that need to be treated on
their own merit. The labelling
thresholds for GMOs are important in this respect.
What is needed now is an evaluation of the existing scientific
evidence related to the
admixture of GM and non-GM crops, and the technical and
agronomic measures to avoid or
reduce admixture, as well as their costs.
The studies and experiments carried out so far strongly suggest
that farm management
measures for co-existence need to be crop-specific. Crops
significantly differ with respect to
their potential for admixture. For some crops, co-existence
could be ensured rather easily. For
others, however, current farming practices may be insufficient
and appropriate management
practices need to be developed. I am sure we will hear much more
about this today.
Apart from being crop-specific, there are, in my opinion, 3
other factors that any approach to
co-existence needs to take into account:
It should consider regional differences in natural conditions,
farm structures and
production patterns.
It should lead to an effective solution within a reasonable
time.
It should focus on crops for which GM varieties are already
approved or will be approved
in the near future, and for which there is a substantial
probability of admixture.
For this reason, the Roundtable will focus on two crops: maize
and rapeseed. These are the
two major crops that are candidates for cultivation in the EU in
the near future. Some GM
varieties of maize and rapeseed have already been approved under
the former Release
Directive, and more varieties are in the pipeline for approval.
Last month [5 March] the Commission discussed various policy
options to address the issue of
co-existence and came to the conclusion that an approach based
on subsidiarity could provide
a fast and efficient solution. Such an approach would give
Member States the possibility to
develop appropriate measures according to their national and
regional conditions, and with the
close participation of farmers and their organisations.
Member States could assess their individual needs and choose the
policy scheme that suits
them best subject to the general condition that the national
measures do not contravene
Community law. As to the question of liability, the first step
must be to find out whether the
existing national laws do not already offer sufficient
possibilities to seek compensation for
potential economic loss in the advent of admixture.
The Commission will contribute to this process by taking on a
co-ordinating and advisory
function and by promoting the exchange of information on best
practices. The relevant
Commission services are currently reflecting on how to exercise
this role in the best way. This
could be extended to the issuing of guidelines on co-existence.
The organisation of this
Roundtable is an important step in this process.
In this context, it should be mentioned that the Commission has
already initiated a number of
priority tasks to collect, assess and expand the scientific
evidence in this area. To mention one
example, a study on co-existence, conducted by the Joint
Research Centre, was published last
year. This study contains important results, based on models, on
the potential admixture
between GM and non-GM crops and on possible farm management
measures for reducing it.
Some of the scientists involved in this study are present today
and will present additional
results.
I also find it encouraging that an increasing number of
initiatives are being taken by the
Member States. Let me just mention the extensive field trials
with herbicide tolerant crops that
are currently being conducted in the United Kingdom. These will
provide valuable data on
admixture rates under field conditions and on the applicability
of farm management practices.
Furthermore, a Danish report on co-existence was recently
published, evaluating possible farm
management practices adapted to Danish conditions. I believe
that the Danish authorities also
plan to organise a European conference on co-existence and this
would be the first conference
of this type later this year. I very much welcome this
initiative.
Other Member States are also developing measures to contain the
admixture between GM
crops and non-GM crops. These are good examples for future work
that could be undertaken.
Member States will play an important role in this process and I
can only encourage their
efforts.
What do I expect from the meeting?
I am convinced that today's Roundtable will provide a useful
exchange of information on the
nature and the sources of admixture, and on the possibilities
that farmers have to deal with it.
It should bring us a step closer to finding a rational and
efficient approach to ensure the
co-existence of conventional and organic agriculture with
genetically modified crops in the
European Union. I hope that the results will also help us to
draw up a first set of guidelines on
co-existence before the summer, [which can then be refined in
the light of future experience].
I wish you a successful meeting.
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