L’adoption d’un seuil de présence fortuite d’OGM
réaliste dans les produits agricoles conventionnels est décisive
pour l’avenir de l’agriculture européenne et le développement
des biotechnologies végétales en Europe.
Elle détermine en effet trois enjeux majeurs :
-
la coexistence harmonieuse des filières de
production,
-
la liberté de choix des consommateurs,
-
la responsabilité des acteurs.
Le Parlement européen a récemment voté, en
première lecture, un texte proposé par sa commission
Environnement, qui tend à baisser le niveau de seuil proposé par
la Commission européenne (le seuil de 1%, déjà très
contraignant, passerait à 0,5 % pour le maïs et 0,3 % pour le
colza) et limite surtout ce seuil aux seuls OGM autorisés à la
culture commerciale, en passant sous silence le cas des OGM en
cours d’homologation.
Biogemma estime que si ce
texte devait être adopté en l’état, le développement des
biotechnologies végétales en Europe serait gravement compromis.
Deux questions sont en effet essentielles
concernant le seuil de présence fortuite d’OGM qu’il faudra
prendre en compte dans le nouveau cadre réglementaire couvrant
notamment les règlements "food-feed" et "traceability and
labelling" :
-
la question du niveau du seuil : le niveau du
seuil est-il réaliste ?
-
la question de la portée du seuil : le seuil
prend-t-il en compte les OGM en cours d’homologation,
autorisés à l’expérimentation au champ, aux côtés des OGM
homologués, autorisés à la culture commerciale ?
Du niveau du seuil dépend la mise en place d’une
coexistence harmonieuse des filières de production. Fixer un
niveau de seuil trop bas reviendra en effet à exclure du marché
les produits concernés. Il n’est donc pas étonnant que ceux qui
veulent exclure tous les produits OGM militent pour un seuil
excessivement bas, voire nul.
Paradoxalement, dès que le moratoire
actuellement en vigueur sur les cultures commerciales sera levé,
cette attitude extrémiste pourrait conduire demain à exclure
toute filière "non OGM" en raison des coûts de production.
Faute d’un niveau de seuil réaliste, l’Europe
risque donc de ne pas pouvoir mettre en place une coexistence
harmonieuse des filières de production.
De même, de la portée du seuil dépend l’avenir
de la recherche européenne en biotechnologies végétales. Ne pas
fixer de seuil pour les OGM en cours d’homologation revient en
effet à rendre impossible toute expérimentation au champ. Or,
l’évaluation de nouveaux "événements de transformation" suit une
procédure qui, partie du laboratoire, passe en serre, puis, en
fonction des résultats obtenus, se poursuit au champ, avec trois
étapes : d’abord, sur de très petites parcelles dans des
conditions de quasiconfinement (contrôle strict des flux de
pollen), ensuite, en petites parcelles, toujours isolées, enfin,
en grandes parcelles reproduisant les conditions réelles de
culture. Ce passage en grandes parcelles, qui intervient au
terme d’un processus d’évaluation ayant conclu à l’absence de
tout risque sanitaire et environnemental, ne peut s’envisager
sans qu’un seuil de présence fortuite réaliste permette de
coexister avec toute production voisine.
Faute d’une prise en compte, dans le cadre
réglementaire, des OGM en cours d’homologation, la recherche en
biotechnologies végétales risque de ne pas pouvoir se développer
en Europe, avec les conséquences que l’on imagine pour les
semenciers indépendants et, plus globalement, pour la
compétitivité de la recherche et de l’agriculture européennes.